Représentations critiques des Lumières, de la Révolution française et de la Révolution de 1817 au Pernambouc, Brésil (1822-1849)

  • As Luzes, a Revolução Francesa e as ideias contrarrevolucionárias de 1817 a 1889 no Brasil
  • The Enlightenment, the French Revolution and counter-revolutionary ideas from 1817 to 1889 in Brazil

Les idées, les noms et les événements liés aux Lumières, à la Révolution française et à la Révolution de 1817 ont été abondamment évoqués par les lettrés et les journaux brésiliens au Pernambouc, Brésil, entre 1822 et 1849. Ce texte analysera ces écrits, l'usage et l’appropriation, au Pernambouc, au cours de cette période, des concepts des Lumières par rapports aux événements et aux personnages révolutionnaires français de 1789 et « brésiliens » de 1817.

As ideias, nomes e acontecimentos relacionados às Luzes, à Revolução Francesa e à Revolução de 1817 foram abundantemente evocados por letrados e jornais brasileiros em Pernambuco, Brasil, entre 1822 e 1849. Este texto analisará esses escritos, o uso e a apropriação, em Pernambuco, nesse período, dos conceitos das Luzes, em suas relações com os acontecimentos e as figuras revolucionárias francesas de 1789 e “brasileiras” de 1817.

Ideas, names and events linked to the Enlightenment, the French Revolution and the Revolution of 1817 were widely discussed by Brazilian writers and newspapers in Pernambuco, Brazil, between 1822 and 1849. This paper will analyse these writings and the use and appropriation, in Pernambuco, during this period, of Enlightenment concepts in relation to the events and figures of the French Revolution of 1789 and the ‘Brazilian’ Revolution of 1817.

Plan

Texte

« L’histoire, ce grand guide de la vie, nous enseigne que, dans tous les changements politiques, les hommes des extrêmes sont les plus dangereux1 ».

Les idées, les noms et les événements liés aux Lumières, à la Révolution française et à la Révolution de 1817 ont été abondamment évoqués par les lettrés et les journaux brésiliens au Pernambouc, entre 1822 et 1849. Ces évocations sont fonction d’intérêts et de projets politiques variés, susceptibles de changements selon les circonstances politiques et les appartenances sociales des individus et des périodiques. Ce texte analysera ces écrits, l’usage et l’appropriation, au Pernambouc, entre 1822 et 1849, des concepts des Lumières par rapports aux événements et aux personnages révolutionnaires français de 1789 et « brésiliens » de 1817. L’étude se centrera sur les cas des appropriations critiques, soit des Lumières, soit des récits sur les révolutions, surtout ceux pouvant être classés comme contre-révolutionnaires.

Il faut ajouter, d’une part, que ce texte n’est qu’un assemblage de références fragmentaires : l’objectif n’est pas, ici, d’avoir une approche systématique ; d’autre part, que le mot « révolution » est ici utilisé dans son usage relatif au mouvement qui a eu lieu dans les capitaineries brésiliennes de l’actuel Nord-Est.

La Révolution de 1817 et les lignes générales des représentations de ce mouvement jusqu’en 1822

Le 6 mars 1817, à Recife, a éclaté un mouvement contre le gouvernement absolu du roi D. João VI établi à Rio de Janeiro, alors capitale du Royaume Uni du Portugal, du Brésil et des Algarves2. Ce mouvement allait plus tard être connu comme « La Révolution de 1817 ou La Révolution du Pernambouc ». Le mouvement s’est étendu au-delà de la capitainerie du Pernambouc, atteignant le Paraíba, le Rio Grande du Nord et le Ceará3.

Opposée à la monarchie absolue et favorable à la république, la Révolution de 1817 a institué la liberté de presse et de religion, malgré l’adoption du catholicisme comme religion d’État4. À première vue, la Révolution a rompu l’unité entre la religion et l’ordre politique, mais les révolutionnaires ont fréquemment évoqué la religion chrétienne pour sacraliser leur mouvement : d’après eux, la Révolution permettait la réconciliation entre le christianisme et l’ordre politique violé par le despotisme royal5. En réalité, le mouvement a désacralisé la monarchie absolue et, dans le même temps, sacralisé la République6.

La République établie début mars 1817 a eu une durée de 75 jours, et a été vaincue par les forces militaires monarchiques venues de Rio de Janeiro, Bahia et Lisbonne. La répression contre les révolutionnaires a été très violente (exécutions sommaires, arrestations, scènes de punitions et supplices en public). Ce n’est qu’en 1821 que les 300 hommes faits prisonniers ont retrouvé leur liberté, après la Révolution de Porto.7

Les textes publiés dans la presse périodique entre 1817 et 1822, des lettres privées et certains documents officiels liés aux intérêts du gouvernement monarchique et absolutiste établi à Rio de Janeiro par le roi D. João VI, soulignent que les révolutionnaires de 1817 avaient été guidés par leurs intérêts propres et n’étaient que des voleurs et des menteurs semblables aux révolutionnaires français de 1789. Domingos José Martins, un des cinq membres du gouvernement provisoire établi après la Révolution de 1817, cherchait exclusivement pour se marier une fille de très riche marchant portugais, une femme qui, sans la révolution, lui aurait été inaccessible8. Les révolutionnaires de 1817, de surcroît, « ne s’intéressent pas au bien public, ils ne s’intéressent qu’à leur fortune particulière […]. Ce sont des Robespierre et des Marat9 ». Ainsi, les révolutionnaires de 1817 sont représentés comme des réincarnations des personnages de la Révolution française et, de plus, comme des hommes cupides.

Les excès perpétrés par les révolutions, notamment la Révolution française, ont marqué les mémoires des protagonistes des mouvements contre l’Ancien régime portugais dans les années 1820 - que ce soit la Révolution de Porto ou l’Indépendance du Brésil - mais aussi les excès perpétrés par leurs opposants. Ces excès ont également été mentionnés au Pernambouc par d’autres personnes dans les décennies suivantes, jusqu’à la Proclamation de la République en 1889.

Les Lumières et les Révolutions dans les journaux du Pernambouc entre 1829 et 1831

Au Pernambouc, la Révolution de 1817 a suscité des débats passionnés dans la presse, non seulement en raison de la défaite du mouvement face aux troupes royalistes, mais aussi à cause des jugements contradictoires qu’elle a suscités dans la capitainerie (qui sera plus tard province) elle-même. Ainsi, les représentations de 1817 dans la presse périodique ont été caractérisées par la virulence envers le mouvement et ses conséquences ainsi que la répression violente qu’il a subie. De plus, dans les luttes politiques au cours du premier règne du Brésil indépendant, les changements de positions ont été toujours rappelés, soit par les tenants de la Révolution, soit par ses opposants qui sont ensuite devenus défenseurs de l’ordre impérial et même de l’autoritarisme de l’empereur D. Pedro I.

Dans le Diário de Pernambuco, entre 1829 et 1831, on remarque que certains personnages de 1817 changent de bord, tandis que d’autres maintiennent leurs positions de l’époque de la Révolution. Les fidèles du mouvement ont été accusés à plusieurs reprises d’être séditieux, tandis que les transfuges ont été classés comme « royalistes », éventuellement par l’usage d’autres qualificatifs, ou bien ont vu leur passé « séditieux » constamment rappelé par leurs adversaires. Plus rarement on voit, à l’inverse, des opposants à la Révolution également opposés à l’empereur D. Pedro I. Dans le Diário, on trouve les dénonciations de certains opportunismes ainsi que l’usage du patrimoine public à des fins personnelles. En outre, on peut reconnaître la présence toujours croissante d’une sphère publique dynamique, qui se manifeste par des débats, des accusations mutuelles, des souvenirs du passé et des projets d’avenir10. Dans la rubrique « Correspondances », apparait cette ébullition, dont les manifestations les plus évidentes sont les critiques envers les autres journaux et les institutions, illustrées par la lutte contre le journal O Cruzeiro et les dénonciations envers la Société de la Colonne11. Ces combats, en outre, opposent des « Portugais » et des « Brésiliens » par l’usage de mots et d’expressions péjoratives, telles que « vieux chrétien » et « farroupilha », dont les sens sont, respectivement, « défenseur de l’absolutisme » et « fédéraliste séditieux ». L’accusation d’imposture était fréquente et la Révolution de 1817 a été, de toute évidence, un tournant qui a désagrégé la société du Pernambouc. Dans le Diário, certaines figures ont été dénoncées comme transfuges et le journal a maintenu une ferme position contre le despotisme. D. Pedro I a été un personnage très critiqué, ainsi que les « caramurus » (c’est à dire, les gens accusés d’absolutisme) et le despotisme des magistrats. Plus rarement, se sont manifestées des positions contre-révolutionnaires.

Le 18 novembre 1828, un correspondant surnommé « ex-Colonne » (c’est à dire un ex-membre de la société de la Colonne), par exemple, s’adressait à un autre, identifié sous le nom de « Cesário ». Son témoignage souligne les tensions mentionnées plus haut. Il raconte avoir fréquenté la Société de la Colonne pendant quelques temps, puis d’en être parti pour éviter toute convivialité avec les Portugais qui, en 1817 et en 1821, avaient dénoncé plusieurs Pernamboucains, les avaient arrêtés, attachés par des cordes et tués, y compris le propre père de Cesário12.

Le 1er février 1830, Antônio dos Santos de Sequeira Cavalcante, dans une polémique contre un homme identifié comme le « Clown Cordeiro », l’accusa de servir le Capitaine Supérieur Xavier, dont il critiquait les comportements. En 1817, Xavier avait proclamé publiquement qu’il frapperait le roi D. João VI à la tête ; cependant, la défaite de la Révolution lui avait imposé le silence et il avait réussi, grâce à des manœuvres politiques suspectes, à échapper à la potence et à la prison à Bahia, où plusieurs hommes avaient purgé environ quatre ans de détention13. À l’époque de l’Indépendance, Xavier s’était opportunément placé du côté de la « Junta de Goiana » (le gouvernement provisoire installé dans la ville de Goiana, près de Recife), puis, en 1824, il soutint la Confédération de l’Équateur, avant de changer rapidement de position. Quelques années plus tard, il assuma des positions contradictoires, considérant la situation où se trouvait l’empereur, alternativement comme une force ou une faiblesse : il fut l’oppresseur d’une affranchie mais aussi un « libéral » lorsqu’il acclama un poème satirique à l’encontre de D. Pedro. Après 1829, il reprit sa position de bourreau14. Donc, un « Ex-Colonne », théoriquement défenseur du trône et, de surcroît, conservateur, démontrait avec ses arguments la précarité de la ligne qui séparait les révolutionnaires et les contre-révolutionnaires. Son opposant, le dénommé Xavier, affichait le même comportement politique.

Dans la rubrique « Correspondance » du Diário du 22 février 1830, un collaborateur régulier du journal publia la lettre du « Trambolhista ». Le texte reprenait les affirmations d’une lettre antérieure disant qu’à Recife existait une société nommée « Colonne du Trône », liée aux journaux O Cruzeiro et Amigo do Povo. La société aurait eu l’objectif de « soutenir le trône et l’autel » et, par conséquent, de « combattre les démagogues ». L’auteur considérait, l’hypothèse que la Colonne, agissant en soutien, pouvait atteindre le gouvernement, soit en faisant la promotion du bonheur public, soit en se montrant « inique ou persécuteur » : dans la première situation, une révolution pourrait être étouffée par le gouvernement lui-même ; dans la deuxième, la Colonne ne pouvait que renforcer la détestation populaire envers le gouvernement15. Prenant « journalistes politiques et philosophes » pour témoins, il affirme qu’un « gouvernement juste ne craint pas la révolution », se référant aux écrits de Tite Live pour assurer l’autorité de ses affirmations16. On trouve également dans ce texte des maximes des Lumières qui concernent la chute des gouvernements ou les mesures qu’ils devraient prendre pour promouvoir le bonheur public17. D’après le « Trambolhista », la Révolution de 1817 a été une double réaction : d’une part contre les mauvaises mesures gouvernementales des ministres de D. João VI, un bon roi, mais faible et naïf, d’autre part contre la marginalisation des natifs du Pernambouc dans l’attribution de postes. Il ajoutait que les fonctionnaires de la monarchie étaient scandaleusement vénaux et corrompus18. Caetano Pinto de Miranda Montenegro, le gouverneur de la Capitainerie, tenta de rétablir la situation, mais sachant que le mal venait de la cour son action ne fut que palliative, voire inutile19.

La mémoire de la Révolution de 1817 est devenue l’objet d’un débat intense : si certains ont approuvé le mouvement, d’autres l’ont méprisé, en utilisant des mots qui plus tard deviendront un cliché : les révolutionnaires auraient vécu hors de leur propre temps. Le périodique O Amigo do Povo, dont la ligne politique était conservatrice, publia le 17 octobre 1829 un texte signé par « O Porteiro da Massa » (Le Portier de la Masse), qui s’en prenait aux « philosophes ». Selon le « Portier », les philosophes ont causé des dommages par leur critique de la propriété, de l’aristocratie, de l’esclavage et par la défense du « peuple ». D’après le journal, D. Pedro I était un « Frédéric II » mais, à la différence du roi de Prusse, il n’a pas voulu confier le gouvernement aux philosophes : au contraire, il a envoyé au Pernambouc des gouverneurs de troupes et des hauts responsables qui ont tout fait pour que soient arrêtés les partisans du « langage révolutionnaire des philosophes de France20 ». Le journal ajoute que le roi de Prusse avait regretté ses choix et en était venu à considérer le règne des philosophes comme un châtiment pour les pires de ses provinces. De son côté, le Pernambouc n’a pas eu besoin de son propre Frédéric II pour que des philosophes fassent partie du gouvernement : lui-même lui en a offert. D’après le « Portier », la constitution était favorable à l’homme honnête, industrieux, bien inséré dans la société ; contre ceux qui menaçaient l’ordre social en « obéissant à des principes philosophiques », il était nécessaire de prendre « des précautions et d’user de la force21 ». Le peuple n’aurait qu’à aimer et défendre l’autorité du souverain. Les ennemis de la province ont provoqué la révolte dans la « patrie » et, après l’avoir conquise, ils ont volé le Trésor public. Dans les moments de gloire, ils ont assumé les postes qui appartenaient à leurs adversaires et, quand persécutés, ils ont imploré la miséricorde, malheureusement, certains ont eu pitié d’eux ! Ces « ennemis de la patrie » avaient coutume d’affirmer : « Seul celui qui peut boire un verre de sang est un patriote. La seule morale c’est la liberté, il n’a d’autre culte que la liberté, toute autre religion est fanatisme ; et tous les fanatiques méritent la mort22 ». Le « Portier » rapporte ensuite l’histoire d’un ecclésiastique libertin et mauvais, qui avait témoigné contre le vicaire de Boa Vista et avait fait acte de parjure en niant sa propre participation à la Révolution. Enfin, le « Porteiro da Massa » condamnait la « philosophie » (c’est-à-dire, les Lumières) et la Révolution française, accusait les adversaires d’immoralité et d’usage du patrimoine public en fonction de leurs intérêts privés ; dans le même temps, qu’il défendait les « hommes honnêtes », soutenant que la Constitution n’était valable que pour ces derniers.

Le journal O Amigo do Povo, entre 1829 et 1830, a souvent attaqué les philosophes du XVIIIe siècle, surtout Jean-Jacques Rousseau dont il a analysé profondément la théorie du contrat social. Ce périodique considérait la Révolution de 1817 comme un point de rupture dans l’histoire du Brésil. À son avis, elle fut un événement négatif et la province, depuis 1817, « vivait dans un état de révolution intermittente, en conflit avec elle-même23 ». Un correspondant nommé « Um Pernambucano » a comparé le 23 octobre 1830 à certains événements ayant eu lieu au Pernambouc en 1817 et à Bahia en 1821-1823. Les Pernamboucains n’ont pas reçu le soutien de Bahia au moment de leur Révolution de 1817 ; à l’inverse, les troupes du Pernambouc ont vaillamment lutté à Bahia contre le général Madeira, les risques encourus leur ayant été payés par l’assassinat de l’un des « militaires les plus braves24 ». À son tour, O Constitucional, un critique de O Amigo do Povo, exprime un avis, sinon en faveur de la Révolution de 1817, du moins compréhensif sur ses motifs. En outre, il condamne les mesures répressives les plus violentes contre les insurrections. Le 27 juillet 1829, le journal critique directement l’O Amigo do Povo, en condamnant les adjectifs employés contre Manoel Carvalho Paes de Andrade, chef de la Confédération de l’Équateur de 1824, et contre les « anarchistes », partisans de Carvalho25. Le journal remet en cause le point de vue de son opposant qui considère « incurables » les partisans de Carvalho et espère la décapitation de l’hydre anarchiste. Ces intentions, selon O Constitucional, seraient « inadmissibles » et « inapplicables26 ». En outre, curieusement, le périodique prend dans le même temps la défense du roi D. João VI et des révolutionnaires, en raison des services considérables rendus à la Constitution et à l’Empire27, ce qui est, à ses yeux, plus important que la Révolution elle-même ou sa défaite. Ainsi, le journal affaiblit l’une et l’autre et, en effet, soutiendra clairement cette position quelques mois plus tard, le 29 octobre : « Rappelez-vous la révolution de cette province en 1817 ; elle n’a pas duré trois mois, tandis que notre Indépendance, dès qu’elle a été proclamée par Notre Ange Tutélaire dans les bosquets du bord de l’Ipiranga, a résonné dans tous les cœurs brésiliens, s’est généralisée et s’est maintenue28 ». Le mois précédent, le 7 septembre 1829, date qui allait être consacrée comme celle de l’Indépendance du Brésil, le journal explique les motifs des Révolutions, réfutant la thèse selon laquelle elles seraient l’œuvre de démagogues. Selon O Constitucional, « la France n’aurait pas été le théâtre de la plus incroyable Révolution du monde », si « le gouvernement du malheureux Louis XVI n’avait pas été si négligent, si ce roi, du reste bon et bien intentionné, n’avait pas été si pusillanime29 ». Le périodique ajoute une interrogation : au Brésil, « qui ignore que la révolte de 1817 dans cette province est due en grande partie à la corruption du Ministère de Rio et à l’orgueil démesuré des Portugais ? »30. Enfin, d’après O Constitucional, les mauvais gouvernements mènent aux révolutions qui, en effet, ne seraient pas l’œuvre des démagogues.

Le journal O Cruzeiro, du 22 mars 1830, publie à son tour, dans la rubrique « Correspondance », une lettre signée par « L’Ex-Colonne Intrépide » (contestée par le Diário de Pernambuco), dont l’auteur s’oppose aux « farroupilhas », individus qui voulaient établir une division entre les Portugais et les honnêtes Brésiliens31. Selon lui, cette période de « débauche, de corruption et d’immoralité », entre 1821 et 1824, d’une « férocité sauvage », était révolue, mais les journaux Constitucional, Abelha et Diário voulaient la revivre. En 1821, sous le gouvernement de Gervásio Pires Ferreira, au Pernambouc fut créé un bataillon qui persécuta ses adversaires et Francisco Paes Barreto, Marquis de Recife, s’est battu contre cette situation. C’est alors qu’à Recife, dominée par les républicains, se sont développés l’anarchie et les pillages, causant la fuite par la mer de Brésiliens et de Portugais « honnêtes ». Ensuite, « L’Ex-Colonne Intrépide » affirme : « La révolution de 1817 a été mauvaise; celle de 1821 à 1824, pénible ; celle qui se prépare en 1830 sera terrible : il faut être vigilant et courageux32 ». Ses derniers mots reproduisent un lieu commun des manifestations conservatrices depuis 1817, en remontant au XVIIe siècle et à l’expulsion des Hollandais par la population du Nord-Est du Brésil33 : « les descendants des Castros, alliés aux descendants des Vieiras [acteurs de la Restauration Pernamboucaine du XVIIe siècle], ne doivent pas craindre les Républicains ; obéissant à la voix de légitimes autorités, ils vaincront les ennemis du Trône, en proclamant toujours – Vive Sa Majesté l’Empereur34 ».

Le journal O Cruzeiro du 3 août 1830 se réapproprie également l’histoire qui consacrait des valeurs d’ordre, en condamnant la Révoluton et les Républicains et, inversement, en saluant la monarchie, la fidélité au roi, la soumission et l’héroisme qui définissaient le Pernambouc d’autrefois. Selon lui, les révolutionnaires de 1817 et de 1824 ne pouvaient pas être vraiment constitutionnels ; ils participeraient toujours aux révolutions futures. C’est pourquoi le journal met en doute leur foi constitutionnelle et leur fidélité à l’Empereur35. S’écartant de l’idée courante selon laquelle au Brésil il n’y a que « deux partis, l’absolutisme et le constitutionnel », le journal assure que « le parti républicain », existe et que, pour mieux se protéger, il exagère l’importance du « parti absolutiste ». En réalité, il considère que ce dernier parti est composé de personnes pondérées, qui « ne feront jamais de plans contre le gouvernement » ; mais les « constitutionnalistes exaltés » ont exacerbé chez eux le sentiment que « seul l’Empereur doit les gouverner, car ils craignent cette furieuse démagogie, qui ne respecte ni loi, ni Religion ni aucun lien social36 ».

Il est possible de constater qu’au moment où D. Pedro I se voyait proche de l’abdication, le discours conservateur utilisait le républicanisme et les Républicains comme des épouvantails et, par conséquent, représentait la Révolution de 1817 comme un danger : républicain, anarchique, irréligieux et… vivant ! Et, sur un autre point du spectre politique, le Diário de Pernambuco du 2 mars 1828, clairement hostile à O Cruzeiro, tenait la position suivante à propos de la Révolution du Pernambouc : « En 1817, nous vivions sous un gouvernement absolu et despotique » car « une véritable Rébellion s’est effectivement produite, avec l’anéantissement du Gouvernement et de la Souveraineté Royale, et l’établissement de la Souveraineté du Peuple et d’un Gouvernement Démocratique37 ».

Les Lumières, les Révolutions et les journaux du Pernambouc à l’époque des Régences

La presse au Pernambouc à cette époque-là a été un espace partagé autant par les conservateurs et les critiques des Lumières et des Révolutions que par leurs partisans. En province, un journal appelé O Federalista, a été publié entre 1831 et 183238. Ce périodique avait pour épigraphe les mots suivants (en français et en portugais) : « En fait, et suivant que l’expérience le prouve, il faut reconnaître que tous les peuples, quelle que soit la forme de leur gouvernement, peuvent entrer dans le système d’une constitution fédérative (Fritot, Esprit du Droit39) ». Fritot, penseur et juriste né à la fin du XVIIIe siècle, a, parmi ses contributions, proposé un projet de constitution40. À son tour, le journal s’en fait l’écho. Il s’agit d’un un hebdomadaire dont la publication avait été annoncée dans le Diário de Pernambuco, imprimé au Pernambouc par Antonino José de Miranda Falcão et qui se vendait dans la boutique de M. Ataíde, place de l’Union41. Le 28 janvier 1832, dans un texte qui ressemble à un éditorial, le journal disait que, parmi les journalistes, circulait l’idée selon laquelle le système unitaire donnerait une grande force aux gouvernements. Cependant, le périodique soutenait le contraire, car il comprenait que si de la souplesse était accordée aux provinces, ces dernières développeraient leurs propres ressources et, par conséquent, rendraient bien plus aisément « heureux le peuple brésilien42 ». Le texte établissait ensuite une analogie entre la Nation et la Famille pour soutenir sa position en faveur du fédéralisme. Si le but d’établir le bonheur peut être lié aux Lumières, on peut en dire autant en ce qui concerne la vision de l’Histoire comme processus. D’après le texte, le Brésil n’était pas un pays en retard ; des avancées ont été observées entre 1817 et 1831, surtout concernant le combat contre le despotisme (une référence implicite à l’abdication de l’empereur D. Pedro I). Le texte ajoute qu’à l’époque coloniale, le Brésil aurait souffert du manque d’unité et du despotisme des gouverneurs des capitaineries, que la cour portugaise jugeait plus favorable de maintenir plutôt que d’attribuer le gouvernement aux peuples43.

Un autre journal qui s’opposait clairement aux conservateurs et explicitement à la Société de la Colonne s’appelait O Carapuceiro : Periódico sempre moral, e so’ per accidens Político, publié entre 1832 et 1842, dont la une offrait une image amusante et l’épigraphe suivante, écrite en latin et en portugais : « Je respecterai les bonnes règles dans ce journal,/ qui consistent à parler des vices et à épargner les personnes44 ».

Dans le numéro 19, du 29 août 1832, est publié un texte intitulé « De quoi s’agit-il, de quoi parle-t-on par ici ? », en allusion au soupçon selon lequel, dans les provinces du Brésil, se trouveraient des « émissaires de l’ex-empereur qui, unis aux membres des colonnes de triste mémoire (une belle bande de va-nu-pieds) travaillent de toutes leurs forces à la restauration » de D. Pedro I, qui serait un ex-empereur imprudent, protecteur des absolutistes et le moins apte « à nous gouverner45 ». En se présentant comme adversaire de la Colonne, l’auteur mentionnait l’année 1817, sans annoncer explicitement qu’il avait participé de la Révolution mais ajoutant que s’il avait « défendu la cause de la liberté au Brésil », en revanche « être partisan de la colonne signifi[ait] être mauvais Brésilien, mauvais citoyen46 ».

Presque un an plus tard, le 3 août 1833, le journal considérait l’abdication comme un mal terrible, mais, en même temps, concevait la Régence comme un tort et, plus encore, la « Restauration de D. Pedro », critiquant le projet d’Antônio Carlos Ribeiro de Andrada e Silva de ramener l’ancien empereur au Brésil47. Pour renforcer la critique envers Antônio Carlos en soulignant ses contradictions, le texte remonte à sa participation à la Révolution de 1817, souvenir souvent rappelé dans la presse au cours des décennies suivantes. D’après le texte, « autrefois tant attaché aux idées libérales, persécuté plus d’une fois par le despotisme royal », Antônio Carlos défendrait « aujourd’hui le même D. Pedro48 ». Pour amplifier son attaque envers Antônio Carlos, démontrant ses contradictions, le rédacteur l’accuse d’être l’auteur d’une « Proclamation » des révolutionnaires de 1817, adressée aux Bahianais, dans laquelle se trouvent des critiques violentes contre D. João VI et le Comte dos Arcos, alors gouverneur de Bahia. Puis le rédacteur publie à nouveau la « Proclamation » mentionnée plus haut, et invite les lecteurs à analyser les sentiments d’Antônio Carlos au cours des deux périodes, afin qu’ils se fassent une opinion du « caractère de ce Brésilien qui, avec les lumières qui ne lui manquent pas, entend nous éblouir et assouvir sa soif de puissance et de vengeance49 ». Dans une partie de la « Proclamation » il s’adresse au Comte dos Arcos qui, à l’époque de la Révolution, avait soutenu le devoir de fidélité des sujets envers leur roi D. João VI50. Dans une note de bas de page qui concerne D. João VI, le rédacteur fait une quintuple attaque à l’égard, d’un côté, de l’Ancien Régime, de D. João VI et du Comte dos Arcos ; de l’autre, à l’égard de D. Pedro I et de son royaume. Il décrit le roi comme un homme qui, par crainte, ne mettait pas ses adversaires en pièces alors que son fils accordait son pardon quand il reconnaissait la supériorité d’autrui51. O Carapuceiro met ainsi en évidence les contradictions d’Antônio Carlos mais aussi la malignité de D. João VI, du Conte dos Arcos et de D. Pedro I. Dans le même temps, il met en évidence quelques questions plus sérieuses qui se posaient entre 1817 et 1833 : l’ordre politique despotique, dans lequel se mêlaient les intérêts privés et le domaine public, et le soutien de la nécessaire fidélité envers le roi ; les incohérences, les contradictions et l’opportunisme de nos dirigeants politiques. C’est ainsi qu’en fin de compte, le journal a justifié la Révolution de 1817.

Un an plus tard, le 21 juin 1834, dans le texte « Qu’est-ce qu’un fédéraliste d’aujourd’hui et maintenant », le rédacteur de O Carapuceiro soutient la réalisation de réformes de la Constitution de l’Empire, surtout à propos des rapports entre la Cour et les Provinces52. Il explique cependant qu’il ne veut pas causer de dommage à l’intégrité de l’Empire, car un Brésil divisé « en Provinces totalement indépendantes est facilement vulnérable53 ». À son sens, la réforme qui touchait aux droits supposés de D. Pedro II pouvait encourager son père, D. Pedro I, à s’attaquer aux « démagogues » désireux d’éliminer le trône et l’autel pour, « sur les ruines, établir la turbulente démocratie54 ». Le texte discute la réforme fédérale et les acteurs de la Révolution de 1817, afin d’évaluer les enjeux de cette réforme, censée être reconnue par les autres provinces. Dans ce passage, le texte fait une comparaison ironique entre le passé et le temps présent : « En 1817 aussi on disait partout que Bahia allait adhérer à la Révolution, qu’elle viendrait très vite nous soutenir etc., etc., et ce que l’on a appris très vite c’est la fin tragique du Père Roma, et pour toute aide, nous avons reçu un blocus et des troupes terrestres envoyées contre nous par ce Sultan de Comte dos Arcos55 ». L’auteur se demande si le Pernambouc serait « assez idiot et imprudent » pour faire confiance à n’importe quel aventurier, croyant trouver en lui le soutien d’une autre province56. Le rédacteur théorise ensuite sur les révolutions, mentionnant Jean-Jacques Rousseau, le grand penseur des Lumières :

Les révolutions ne sont pas des choses qui se font par contrat et selon le bon plaisir de quelques individus : pour qu’elles réussissent et donnent de bons résultats, il faut d’abord révolutionner les idées du peuple, c’est-à-dire, que ce dernier acquière d’autres notions, d’autres habitudes et accepte certains dommages : dans le cas contraire, la révolution est perdue et ne sert qu’à faire des victimes et à détériorer le sort des peuples. En toute espèce de projet, dit le maître J. J. Rousseau, dans la préface à son Émile, il y a deux choses à considérer : premièrement la bonté absolue du projet ; en second lieu la facilité de l’exécution57.

Ainsi, le texte reprend l’idée d’un penseur des Lumières et propose un ensemble d’importantes réflexions relatives au succès des révolutions, soutenant que celles-ci exigent que la pensée du peuple évolue, qu’il acquière de nouvelles habitudes et abandonne certains préjugés. À la valeur du projet doit s’ajouter la facilité de son exécution, comme l’enseigne Rousseau. Sa conclusion apparaît clairement dans le texte : à la Révolution de 1817 manquait la deuxième condition, la possibilité effective de sa réalisation. Les révolutionnaires étaient en avance sur leur temps (une idée qui sera répétée durant les décennies suivantes, dans d’autres textes, tantôt positivement, tantôt négativement).

Comme O Carapuceiro, O Eco da Religião e do Império s’est également approprié certaines idées des Lumières et de la Révolution de 181758. Il s’agit d’un journal au profil conservateur, comme l’indique son épigraphe bilingue, en français et en portugais : « Nous enseignons qu’au lieu d’introduire l’impiété dans la loi, il est nécessaire que la loi soit plantée dans la religion ; qu’au lieu d’ôter aux passions la seule chaîne qui les opprime, il est nécessaire de la river. Bonnevie59 ». En accord avec sa ligne conservatrice, dans le texte « Le sacerdoce indigne. Sa corruption. Qu’est-ce qu’un bon prêtre ? », publié le 1er septembre 1837, O Eco livre un combat véhément contre les Lumières et la Révolution de 1817, s’attachant surtout à réfuter l’association du sacerdoce à la politique60. En premier lieu, le texte critique le « philosophisme » des Lumières et des penseurs antérieurs, qui a contaminé son temps et atteint le clergé ; la Révolution de 1817 aurait été un point de rupture, d’abandon de ce qui tout ce qui était attendu des ecclésiastiques dans les domaines de la lecture, de la bonne conduite et des bonnes pratiques : « L’année 1817 a été l’époque de la démoralisation publique, fertile en scandales et fatale au clergé du Pernambouc, après qu’il a plongé dans le philosophisme61 ». La contre-révolution aurait avili le sacerdoce « entre les courants [politiques] et sur l’échafaud62 ». Selon le texte, ce furent « des jours de stupéfaction et d’horreur pour une population catholique ! Des jours d’outrage envers les Oints du Seigneur ! Ce fut le premier stigmate que, sur les places brésiliennes, encore vierges de grands crimes, encore épargnées par les violentes catastrophes, la Révolution imprima sur les Autels63 […] ». L’auteur critique la justification de la Révolution, réaffirme les dommages causés sur les clercs et les crimes auxquels elle a mené, parce que trop « prématurée », soulignant l’acceptation du parricide et la perte pour le clerc « de son immunité et son for », au privilège des « lois civiles » et, par conséquent, empêchant que d’autres prélats le corrigent, car « le prêtre débauché peut les faire traduire en justice »64. De plus, selon le texte, le libertinage, les Lumières (radicales) et l’ignorance se présentent comme des adversaires de la foi chrétienne et du bon prêtre. À son avis, la Croix échangée contre l’épée et la lecture de penseurs respectables remplacée par celle d’une série de penseurs et d’œuvres des Lumières (y compris quelques classiques du libertinage) et de la pensée philosophique moderne, ont corrompu les clercs et, qui plus est, les ont menés à l’échafaud :

« Auparavant, vous lui aviez déjà arraché l’Évangile des mains et lui aviez donné à lire le Contrat social, le Citateur, le Compère Mathieu et Faublas ; car, à la suite de la révolte des principes, la concupiscence doit s’enflammer ; Grotius, Locke, Pufendorf, Rousseau, Duray de Brie, D’Alembert, Diderot, Tracy, Voltaire, Dupay, Mably et Bentham ont remplacé, chez ces Prêtres devenus fous, la leçon d’un Paul, d’un Augustin, d’un Athanase, d’un Chrysostome, d’un Jérôme, d’un Ambroise et d’un Bonaventure. Et avez-vous fait d’autres acquisitions, comptez-vous, dans les rangs du philosophisme, d’autres prêtres, outre ceux qui se promènent (ou se sont promenés), avec le Compère Mathieu et Faublas, sous la soutane ??? Ce sont ces prêtres-là que vous ne haïssez pas mais que vous recevez toujours avec un sourire méprisant, car ils se méprisent eux-mêmes en s’exposant aux coups de feu de la guerre et à l’ignominie de l’échafaud, où les révolutions et les révolutionnaires ont toujours fini65 ».

En revanche pour illustrer cette situation que toutes les révolutions ont produite, le texte convoque Fénelon, archevêque de Cambrai, théologien, auteur de nombreux écrits parmi lesquels le roman Les Aventures de Télémaque, diffusé mondialement, y compris dans le monde luso-brésilien66 : « L’immortel Fénelon préférait sa famille à lui-même, sa Patrie à sa famille, le genre humain à sa Patrie : le Prêtre stupide, avare et corrompu, sacrifie le genre humain et sacrifie Dieu lui-même à ses passions et à ses erreurs67 ».

Les Lumières et les Révolutions dans le Diário de Pernambuco, entre 1840 et 1849

Parmi les journaux brésiliens d’aujourd’hui, le Diário de Pernambuco est le plus ancien. Son histoire est très singulière. Son premier propriétaire, Antonino José de Miranda Falcão, déjà mentionné dans cette étude, avait fait partie de la Confédération de l’Équateur et, malgré sa sympathie pour D. Pedro I en 1827, il avait fini par soutenir son abdication en 1831. En 1835, le journal est passé aux mains de Manuel Figueroa de Faria, devenant l’organe officiel des gouvernements de la province68 et, de surcroît, du Parti Conservateur69. Dans ses pages, en 1848, il fit sa une sur la Révolution « Praieira » et mena, au Pernambouc, un combat contre la presse de gauche70.

Dans la décennie 1840, les textes publiés par le Diário de Pernambuco sur la Révolution de 1817 laissent percevoir une continuité par rapport à la décennie précédente. Il survécut à la prise de conscience que la Révolution fut un point de rupture sociale et historique, évaluée positivement ou négativement, selon les positions de leurs auteurs.

Parmi ces textes, certains ont soutenu que la Révolution de 1817 a été plus importante que l’Indépendance. Antônio Carlos de Andrada e Silva est un personnage dont la participation à la Révolution de 1817 est très controversée, qui a joué un rôle politique majeur dans l’histoire de l’empire et auquel on faisait encore référence dans les années 1840, y compris dans le Diário qui publie des textes le concernant, à charge ou à décharge. Comme le montre l’historiographie de la presse brésilienne, on peut repérer dans le Diário des échos de textes et d’auteurs très respectables à l’époque comme, par exemple, Francisco Muniz Tavares, clerc qui a participé au mouvement de 1817 et a eu ensuite une carrière politique remarquable : participation à l’Assemblée Constituante de Lisbonne, passage par la Chambre des Députés, qu’il a présidée à Rio de Janeiro71. Le Diário a fait l’annonce de la publication et de la vente de son livre, História da Revolução de Pernambuco em 1817, en 1840. Du reste, les références à ce personnage, à son livre, à son parcours et à son œuvre vont croissant dans le Diário jusqu’à 188972.

Dans deux éditions du Diário, en 1847, à la rubrique « Pernambouc », se trouvent des textes intitulés « Jury de Recife », qui proposent des transcriptions du procès pour crime de presse d’Antônio Borges da Fonseca. Ce personnage, un célèbre libéral radical, rédacteur de plusieurs journaux dans son Paraíba natal, au Pernambouc et à Rio de Janeiro, a vu son parcours également marqué par sa participation à la Révolution Praieira73. En 1847, l’origine du procès intenté contre lui est une lettre publiée dans le journal O Nazareno, de Nazaré dont il était l’un des rédacteurs74. D’après le ministère public, la lettre, signée par un « Monarchiste », était apocryphe75. Selon les propres paroles de Borges da Fonseca, proférées devant le Jury de Recife au cours de la cinquième séance du 9 août 1847, sous la présidence de Ferreira Gomes, le procureur avait prononcé diverses accusations contre lui, que Borges da Fonseca n’avait pas réfutées, assumant au contraire les positions suivantes : « Je loue la révolution de 1817. Je fustige le 25 mars [date de l’octroi de la Constitution de l’Empire de 1824] ; j’insulte à la reine du Portugal [D. Maria II], qui appartient à la famille impériale du Brésil. Je proclame le régicide… et je ne sais quoi encore 76 ». Dans son témoignage, il se présente comme « chef du parti républicain du Nord du Brésil77 » et fait une digression sur la manière dont les groupes dominants – la « faction actuelle » – opèrent sur la mémoire historique, auquel il oppose l’usage qu’il fait lui-même du passé pour penser le présent. À son avis, si commémorer 1817 constitue un crime, commémorer l’Indépendance du Brésil en est un également. Mentionnant les noms de personnages de la Révolution et s’inspirant des événements de 1817, il défend la République et s’insurge contre la « tyrannie royale » :

« On veut aller jusqu’à anéantir l’histoire ; c’est un crime atroce d’utiliser la critique pour voir le passé, pour voir le présent et le déterminer pour un avenir meilleur. Cela constitue un crime, et un crime atroce de la part de la faction actuelle de rappeler au peuple qu’en 1817, la tyrannie royale a assassiné beaucoup de nos compatriotes, en a détruit bien d’autres, a même osé frapper les hommes libres. Oui, cela constitue un crime ! Oh, temps ! Oh, mœurs |

Frères de Teotônio, d’Antônio Henrique, de Leopoldo, de Peregrino, de Tenôrio, de Martins, d’Antonio Pereira, de Roma, de Miguelinho, de Ribeiro, de Mendonça [acteurs de la Révolution de 1817] et tant d’autres martyrs sacrifiés à la fureur brutale du tyran D. João VI, je jure sur vous tous, que j’irai habiter avec vous plutôt que cesser de rappeler votre mémorable action !

Oh! Si célébrer la révolution de 1817 constitue un crime, célébrer l’indépendance l’est tout autant, car elle fut aussi une révolution contre le tyran portugais. Mais, messieurs, cela ne fait que rappeler la faction décrite, qui cherche à s’accrocher au pouvoir au prix de n’importe quelle immoralité : j’aurais été surpris si elle avait procédé différemment. De fait, mes bourreaux n’ont jamais aimé la liberté, ils ne la connaissent pas ; depuis leur enfance, ils sont les esclaves du pire tyran de tous, de leurs passions, de leurs débauches et de leurs crimes. Le réprouvé craint la lumière, craint la vérité, craint le peuple : la lumière, la vérité et le peuple le rejettent puisqu’ils n’admettent parmi eux que le juste et l’honnête.

Vive le 6 mars 1817 ! Vive toi, Oh Pernambouc ! C’est le jour où tu as proclamé devant l’univers la liberté du Brésil ; le jour où tu as crié : Vive la république ! Fin à la tyrannie royale ! Et tu as scellé cet acte social avec le sang qui coule dans tes veines ; et Dieu a dit qu’il faut verser le sang de celui qui verse celui de son prochain : le sang des enfants du peuple est en train de produire au sein de la terre ».78

Ensuite, s’adressant aux jurés, Borges da Fonseca rend hommage à la Révolution de 1817 et à la Révolution française, en mentionnant « la Marseillaise » et son cri contre les tyrans : « Messieurs les membres du Jury, je serai ravi si je suis condamné car je célèbre le premier jour du Brésil, le SIX MARS 1817. Je conclus ces paroles par ce passage de l’hymne « La Marseillaise » : « Tremblez Tyrans, et vous perfides79 ! ».

Selon Borges da Fonseca, 1817 est la date où le Pernambouc a proclamé la liberté du Brésil. Il renie la naissance brésilienne de la reine du Portugal, D. Maria II, fille de D. Pedro I, né lui aussi au Brésil, parce que la souveraine tyrannise le Portugal. De plus, en guise de légitime défense, il se dit l’ami de l’Empereur D. Pedro II et assure qu’à plusieurs reprises, O Nazareno a appelé Sa Majesté à être « notre Washington », à proclamer la République afin de vivre heureux parmi le peuple qui l’idolâtrerait pour cette action. Pour conforter sa défense, Borges da Fonseca demande si tout cela peut venir de la part « de quelqu’un qui veut le mal ?80 ».

Au cours de la même séance à diverses reprises dans son témoignage, Borges da Fonseca critique les contradictions des partis brésiliens et défend la liberté de la presse avec laquelle il dit combattre ceux qui veulent faire taire sa voix : « Messieurs, les partis au Brésil n’ont aucun sens ; lorsqu’ils sont au pouvoir, ils se trouvent toujours diamétralement opposés à ce qu’ils proclament dans l’opposition et croient que les gens ne réfléchissent pas. La presse, qui est la mère de la civilisation, le pilier de la liberté, subit aussitôt la haine de ceux qui gouvernent ; et ‘tout ce qui en sort fait la promotion de la licence et de l’anarchie’. Que Dieu me vienne en aide81 ! »

Dans une séance précédente du Jury de Recife – la première séance du troisième ordinaire, réalisée le 9 août, sous la présidence de Ferreira Gomes –, publiée dans le Diário du 20 août 1847, Borges da Fonseca avait fait une éloquente déclaration de principes où se trouvent, d’une part, des références aux idées, aux œuvres, aux penseurs des Lumières et à leurs continuateurs (Montesquieu, qualifié de « génie » avec son Esprit des Lois, Jean-Jacques Rousseau, Volney, Tracy et du Pradt), au républicanisme qu’il défend et qui fut, selon lui, formulé au cours des révolutions de son pays, par « l’observation des faits » qui aurait renforcé ses « dispositions naturelles ». D’autre part, il fait référence dans sa déclaration au texte qui l’a le plus influencé, la Bible (« les Saintes Écritures »), à laquelle il attribue sa propre perdition :

Messieurs Jurés, il est vrai, comme je vous l’ai dit plus d’une fois, que mes principes sont républicains : ces principes sont innés, mais ils se sont développés au cours des révolutions de mon pays, qui s’efforçait de renverser la tyrannie royale ; et l’observation des faits renforçant mes dispositions naturelles, me convainc chaque jour de la vérité des droits de l’homme. J’ai peu lu : Rousseau m’a beaucoup enthousiasmé ; Volney, ce génie profond et rare, m’a fait mieux comprendre mes principes ; Montesquieu m’a montré des vérités que mon cœur sentait mais que mon esprit ne connaissait pas et ne sait toujours pas développer ; cet immortel Esprit des Lois c’est l’œuvre d’un génie, et uniquement du génie de Montesquieu ; Tracy m’a beaucoup influencé ; son commentaire, je l’ai dévoré avec une avidité qui m’a étonné car je suis d’un naturel paresseux. J’ai lu je ne sais quoi d’autre encore. J’ai regardé les ouvrages du Père du Pradt et je ne peux les lire sans une compénétration si profonde qu’on me croirait touché par l’esprit de Joseph Balsamo... Une telle sagesse pratique et théorique, une telle capacité à voir les choses du monde, à prévoir l’avenir... Mais rien de tout cela ne m’a guidé, bien que j’aie un grand respect pour ces écrivains profanes, et pour d’autres que j’ai pu connaître. Ce qui m’a perdu, ce sont les Saintes Écritures, messieurs. Je vois dans l’Ancien Testament, le livre de la création, cette Genèse qui nous dit que Dieu a fait l’homme pour présider aux autres animaux, pour régner sur toute la terre et n’a pas désigné un homme parmi les autres, pour régner, et n’a pas créé une race privilégiée. Je vois toujours la volonté de Dieu qui se manifeste contre l’établissement des rois ; les peuples sont toujours leurs victimes ; Dieu les punit toujours pour cette folie. Je vois dans le Nouveau Testament la synagogue qui, au nom des rois, condamne Jésus-Christ, et lui qui proclame l’égalité, et ses apôtres qui prêchent devant le peuple : [...] Vous êtes tous des frères ; vous formez une seule famille. Je vois, messieurs, qu’on dit au peuple dans le Nouveau Testament : « Nolite timere eos, qui occidunt corpus, anima autem occidere non possunt. » Et je conclus que je suis bien avec Dieu car je suis républicain. Que m’importe alors si je suis mal avec les hommes ? [João Guilherme] Ratcliff, [personnage de la Confédération de l’Équateur, en 1824, exécuté le 17 mars 1825], alors qu’il allait donner sa tête au bourreau, dit du haut de la potence :

Quid mihi mors necuit?

Virtus post facta vivescit:

Nec soevit gladio, perit illa, tyranni82.’

Considérations Finales

Au Pernambouc, entre 1822 et 1849, les Lumières, la Révolution française et celle de 1817 ont été sujets d’analyse et d’appropriations par la presse périodique, qu’elle fût d’orientation conservatrice ou favorable aux changements, voire à l’idée de Révolution. La Révolution de 1817 a été considérée comme un point de rupture, véritablement traumatique, ainsi que la répression très violente qui lui a nui. Au cours des décennies, il est possible de repérer des changements et des continuités. Parmi les continuités, se trouve d’un côté, la condamnation presque unanime de la répression et, de l’autre, l’établissement des rapports entre la Révolution de 1817 et la Restauration du XVIIe siècle contre les Hollandais.

Les Lumières ont été une permanence, qu’elles fussent prises comme source d’inspiration ou comme pensée inquiétante. De même avec la Révolution française. Les auteurs des Lumières et les personnages de la Révolution française ont souvent été mentionnés. Dans la décennie de 1840, les dialogues de la presse locale avec les lettrés brésiliens et les livres ont provoqué un important changement. Cette tendance se confirme dans les décennies ultérieures, ainsi qu’un mouvement très intensif souhaitant faire de la Révolution de 1817 un haut fait de l’histoire de la patrie, comme cela a été le cas avec la Conspiration du Minas Gerais de 1789 et son grande personnage, Joaquim José da Silva Xavier, Tiradentes (L’Arracheur de dents). La sphère publique a aussi été mobilisée dans ces mouvements.

Sources

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Notes

1 « A História, essa grande mestra da vida, nos ensina que os homens de extremos são os mais perigosos em todas as mudanças políticas », O Carapuceiro, Recife, 21/06/1834. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=2047

2 OLIVEIRA LIMA, 1996, p. 499 ; MOTA, 1972, p. 51; QUINTAS, 1985, p. 218. Retour au texte

3 BERNARDES, 2001, p. 171. Retour au texte

4 QUINTAS, op. cit., p. 219; MOTA, op. cit., p. 54. Retour au texte

5 Sur les rapports entre la politique et la religion dans les Proclamations du Gouvernement Révolutionnaire, voir SIQUEIRA, 2009, p. 213-15. Retour au texte

6 VILLALTA, 2022. Retour au texte

7 TAVARES, 1917, p. LI-LII. Retour au texte

8 Idade D’Ouro Do Brazil, 08/04/1817, no. 27:1-3. http://memoria.bn.br/DocReader/749940/2770. Retour au texte

9 Ibid., loc. cit. “Desenganai-vos, que o nome patriota, já em voga em alguns pontos d’América, é sinônimo de impostor, de perturbador e velhaco. Os patriotas não se lembram do bem público, lembram-se da sua fortuna particular: não têm pena dos vossos males; têm inveja dos vossos bens. São Robespierres e Marats, conhece-os e fuja-os” [en italique dans l’original]. Retour au texte

10 Diário de Pernambuco, Recife, 1825-1889. http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1 Retour au texte

11 Il s’agissait d’une société secrète accusée par les libéraux de soutenir l’absolutisme. À la fin du Premier règne et au début de la Régence, cette société a défendu le trône, la personne de D. Pedro I et, probablement, l’ordre constitutionnel. À ce sujet, voir OLIVEIRA, 2014, p. 131 et SOUSA, 1972, vol. 3, p. 131. Retour au texte

12 Diário de Pernambuco, 18/11/1829, n° 249, p. 2-3. http://memoria.bn.br/docreader/029033_01/1565. Retour au texte

13 Ibid., 01/02/1830, n° 304, p. 1. http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1804 Retour au texte

14 Diário de Pernambuco, Recife, 01/02/1830. Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1806

15 Diário de Pernambuco, Recife, 22/02/1830, n° 321, p. 1-3. Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1872; http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1873

et http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1874 .

16 Ibid., p. 1. Retour au texte

17 Loc. cit. Retour au texte

18 Ibid., p. 1. Retour au texte

19 Ibid., p. 1-3. Retour au texte

20 O Amigo do Povo, Recife, 17/10/1829, n°. 21, 1-2. http://memoria.bn.br/DocReader/815861/84 Retour au texte

21 Loc. cit. Retour au texte

22 Ibid., loc. cit. Retour au texte

23 O Amigo do Povo, Recife, 20/02/1839, no 39, p. 166. http://memoria.bn.br/DocReader/815861/161 Retour au texte

24 Ibid., 23/10/1830, no. 74, p. 373. http://memoria.bn.br/DocReader/815861/302. Retour au texte

25 O Constitucional. Jornal Político e Literário, Recife, 27/07/1829, p. 3. Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/815055/27

26 Loc. cit. Retour au texte

27 Ibid., p. 3. Retour au texte

28 Ibid., 29/10/1829, no. 35, p. 1-2. http://memoria.bn.br/DocReader/815055/130 Retour au texte

29 Ibid., 07/09/1829, no. 20, p. 1-2. http://memoria.bn.br/DocReader/815055/72 Retour au texte

30 Loc. cit. Retour au texte

31 O Cruzeiro, Recife, 22/03/1830, p. 1-2. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=778440&pagfis=1022 .

32 Ibid., p. 2. Retour au texte

33 Sur ce lieu commun, voir MELLO, 1995, p. 311; CABRAL, 2017, p. 1. Retour au texte

https://www.snh2017.anpuh.org/resources/anais/54/1501900454_ARQUIVO_FlavioJoseGomesCabral.pdf ; VILLALTA, 2003, p. 65-67.

34 O Cruzeiro, 22/03/1830, p. 1-2. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=778440&pagfis=1022

35 O Cruzeiro, 03/08/1830, p. 1-3. http://memoria.bn.br/DocReader/778440/1399, Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/778440/1400 et http://memoria.bn.br/DocReader/778440/1401.

36 Ibid., p. 3. Retour au texte

37 Diário de Pernambuco, 2/03/1828, p. 190. http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/741). Retour au texte

38 O Federalista, Recife. http://memoria.bn.br/DocReader/818887/1. Retour au texte

39 “Por fatos e segundo prova a experiência, é preciso reconhecer que todos os Povos, seja qual for a forma do seu governo, podem entrar no sistema de uma constituição federativa (Fritot, Esprit du Droit)”. http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=818887&pagfis=25 Retour au texte

40 Biographie universelle et portative des contemporains, p. 144. Retour au texte

41 O Federalista, Recife, 1831-1832. http://memoria.bn.br/DocReader/818887/25 . Retour au texte

42 O Federalista, Recife, 28/01/1832, ed. 004, p. 16-18. http://memoria.bn.br/DocReader/818887/25 Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/818887/26

http://memoria.bn.br/DocReader/818887/27

43 Ibid., p. 2-3. Retour au texte

44 En latin : « Hunc servare modum nostri novere libelli/Parcere personis, diceri de vitiis. Marcial Liv. 10, Epist. 33 ». Retour au texte

45 O Carapuceiro, Recife, 29/08/1832, numéro 02, p. 74. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=80

46 Ibid., http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=81 Retour au texte

47 O Carapuceiro, 03/08/1833, numéro 01, p. 253-256. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=263

48 Ibid. p. 254-55. http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=263 Retour au texte

49 Ibid., p. 255-56. http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=750000&pagfis=264 Retour au texte

50 Ibid. loc. cit. Retour au texte

51 Ibid., p. 256. Retour au texte

52 O Carapuceiro, Recife, 21/06/1834, numéro 21, p. 1-3. http://memoria.bn.br/docreader/750000/430 Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/750000/431 et http://memoria.bn.br/docreader/750000/432

53 Ibid., p. 1. Retour au texte

54 Ibid., loc. cit. Retour au texte

55 Ibid., p. 2. http://memoria.bn.br/docreader/750000/431 Retour au texte

56 Ibid., loc. cit. Retour au texte

57 Ibid., p. 2-3. http://memoria.bn.br/docreader/750000/431 et http://memoria.bn.br/docreader/750000/432 Retour au texte

58 Echo da Religião e do Império, Recife, 1837-1838. http://memoria.bn.br/DocReader/824097 . Retour au texte

59 “Nós ensinamos que, em vez de introduzir a impiedade na Lei, é preciso que a Lei seja fundada na Religião; que em vez de tirar às paixões a cadeia única que as comprime, é preciso reforçá-la. Bonnevie.” Retour au texte

L’abbé Pierre Étienne de Bonnevie (1761-1849) était attaché à la dynastie des Bourbons (voir BOULLIOT, p. 459).https://books.google.com.br/books/about/Biographie_ardennaise_ou_Histoire_des_Ar.html?id=sAAbAAAAYAAJ&redir_esc=y. Selon Martine François, « « Il vécut la prise du Palais des Tuileries en 1792. Il s’exila ensuite dans les états germaniques (Coblence, Berlin). Prêtre, chanoine de la cathédrale Saint-Jean en 1803, Secrétaire du Cardinal Fesch lorsque le nouvel archevêque de Lyon est nommé ambassadeur à Rome par le Premier Consul. Il prêche de toute part, carêmes, sermons, panégyriques, oraisons, éloges funèbres. […]. Il est accusé de conspiration royaliste en 1831. Doyen du Chapitre, prédicateur, Vicaire général. Il est le premier ecclésiastique à intégrer la Société littéraire ». (FRANÇOIS, 2012 https://cths.fr/an/savant.php?id=2424).

60 Echo da Religião e do Império, Recife, 01/09/1837, numéro 15, p. 1-3. Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/824097/113, http://memoria.bn.br/DocReader/824097/114 et

http://memoria.bn.br/DocReader/824097/115

61 Ibid., p. 1. http://memoria.bn.br/DocReader/824097/113 Retour au texte

62 Ibid., loc. cit. Retour au texte

63 Ibid., p. 2. http://memoria.bn.br/DocReader/824097/114 . Retour au texte

64 Ibid., p. 2-3. http://memoria.bn.br/DocReader/824097/114 et Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/824097/115.

65 Ibid., p. 3. http://memoria.bn.br/docreader/824097/114 . Retour au texte

66 Sur l’importance de ce roman, voir VIGUERIE, 1995, p. 117 et HAZARD, 1989, p. 95. Sur sa circulation dans le monde luso-brésilien, voir VILLALTA, 2015, p. 383-407. Retour au texte

67 Echo da Religião e do Império, Pernambuco, 01/09/1837, numéro 15, p. 3. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/824097/114 .

68 ABREU JR, FERREIRA et BEZERRA, http://www.fgv.br/cpdoc/acervo/dicionarios/verbete-tematico/diario-de-Pernambouc Retour au texte

69 MARTINS, 2015, p. 50. Retour au texte

70 SODRÉ, 1983, p. 136 et 151. Retour au texte

71 Sur ce livre, voir ANDRADE, 2019, p. 83-89. Retour au texte

72 Diário de Pernambuco, Recife (1825-aujourd’hui). http://memoria.bn.br/DocReader/029033_01/1 Retour au texte

73 Sur Antônio Rodrigues da Fonseca, voir FONSECA, 2011 (A), FONSECA, 2011 (B) et CARVALHO, 2003, p. 209-238. Retour au texte

74 Diário de Pernambuco, Recife, 25 de agosto de 1847, numéro 188, p. 1. Retour au texte

http://memoria.bn.br/DocReader/029033_02/9398?pesq=%221817%22

75 Ibid., loc. cit. Retour au texte

76 Ibid. loc. cit. Retour au texte

77 Ibid. loc. cit. Retour au texte

78 Ibid., loc. cit. Retour au texte

79 Ibid., loc. cit Retour au texte

80 Ibid., loc. cit. Retour au texte

81 Ibid., loc. cit. Retour au texte

82 Diario de Pernambuco, Recife, 20/08/1847, numéro 188, p. 1-2. Retour au texte

http://memoria.bn.br/docreader/029033_02/9398 e http://memoria.bn.br/docreader/029033_02/9399 .

http://memoria.bn.br/docreader/DocReader.aspx?bib=029033_02&pagfis=9391 Les derniers vers, en latin, ont été traduits en portugais par João Armitage de la manière suivante : “A morte em que me ofende? Além da campa/ Reverdece a virtude, e não se extingue/ Sob o cutelo do feroz tirano” (Armitage, 2011, p. 175). Ils constituent un véritable lieu commun. Rousseau, parmi plusieurs autres auteurs, les avaient utilisés auparavant, dans une lettre adressée à D’Alembert, en 1758 (ROUSSEAU, [2014] https://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/haine-theatre/rousseau_lettre-a-d-alembert_1758 .

Citer cet article

Référence électronique

Luiz Carlos Villalta, « Représentations critiques des Lumières, de la Révolution française et de la Révolution de 1817 au Pernambouc, Brésil (1822-1849) », Reflexos [En ligne], 9 | 2025, mis en ligne le 16 mars 2025, consulté le 18 juin 2025. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/1939

Auteur

Luiz Carlos Villalta

https://orcid.org/0000-0001-5502-3558

Luiz Carlos Villalta est Professeur au Département d’Histoire de la Faculté de Philosophie et Sciences Humaines de l’Université Fédérale du Minas Gerais, à Belo Horizonte, Brésil et Boursier-Chercheur 1D du CNPq (Ministère de la Science et de la Technologie) et de la FAPEMIG (Fondation d’Aide à la Recherche de l’État du Minas Gerais).

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