Sebastià Portell i Clar est un jeune mais déjà remarqué auteur de langue catalane qui revendique à la vie comme au théâtre et en littérature la nécessité d’une perspective queer, à savoir un regard qui remet en question les normes sociales liées au genre, au sexe et à la sexualité. Né en 1992 à Ses Salines (Majorque), résidant à Barcelone, il est un militant et activiste de la cause LGBTI+ à travers ses fictions, ses différentes apparitions et publications critiques au sein des médias culturels catalans, baléares ou valenciens, les ateliers d’écriture et de lecture qu’il anime ou encore son édition de l’anthologie de poésie LGBTQ catalane (PORTELL I CLAR, 2018a).
Multipliant les actions et ayant acquis une visibilité médiatique, il développe une revendication queer au sein de l’écosystème culturel catalan, qu’il associe à une défense et promotion de la langue et la culture catalane, parfois accompagnée d’un positionnement politique clair sur la question nationaliste/indépendantiste. Fruit d’un triple engagement qui s’inscrit souvent explicitement dans une forme d’intersectionnalité « genre / langue / nation » à la catalane (FERNANDEZ, 2000), ses œuvres littéraires témoignent d’ailleurs de cette quête identitaire en action.
Dans sa première pièce La mort de na Margalida. Cançó de tristor de l’illa de Mallorca (PORTELL I CLAR, 2012), écrite à l’âge de 20 ans (finaliste du « Premi de Teatre Mediterrani Pare Colom 2012 » et mention spéciale du « XVè Premi Boira-Òmnium de Teatre »), Sebastià Portell nous expose le cheminement vers la vérité, l’impuissance et la rage de Sebastià Company, suite à la mort de sa promise Margalida, recréant pour la scène l’histoire qui a donné lieu à la création d’une chanson populaire majorquine. Les révélations feront de ce parcours initiatique ancré dans une société rurale de début de XXème siècle une prise de conscience de la violence des structures de domination, qu’elles soient de genre, sociales ou nationales comme on peut voir dans cette pensée que livre Sebastià Company sur le chemin de Sóller :
Car je te dirai quelque chose, Margalida. Il y a quelque chose qu’on ne pourra jamais nous enlever : la dignité. La dignité de savoir, chaque jour et chaque nuit, et chaque minute et chaque seconde, que nous faisons ce que nous pouvons, et que l’eau que nous portons à notre bouche est la sueur de notre front, qui coule sous le soleil de Majorque. Il regarde le paysage, de part et d’autre, et fait une longue pause. Majorque, Margalida. Elle a un nom de femme. Elle a un nom de femme et elle subit l’oppression. Comme toi. Mais un jour, Margalida, un jour Majorque se réveillera. Paysans et paysannes, menuisiers et boulangers, nous tous les majorquins nous ferons virevolter les pierres, lance-pierres en l’air, et justice sera faite. Majorque n’aura enfin plus de roi. Et Majorque n’aura enfin plus de reine. Nous n’aurons plus à souffrir pour notre terre. Plus jamais, car elle sera à nous. Une île de personnes égales, une terre de gens heureux, qui vivent en paix et ne nuisent à personne. Majorque, Margalida… je voudrais tant qu’elle ne meure pas avec toi. Je n’y survivrai pas.1
Les fictions postérieures viendront consolider cette entrée en matière idéologique et esthétique, à travers principalement la perspective des femmes. Ainsi, autant dans la pièce Un torrent que era la mar (PORTELL I CLAR, 2013) que dans le roman Maracaibo (PORTELL I CLAR, 2014), nous retrouvons une choralité féminine qui expose, dans un espace-temps imprécis ou bien dans une Majorque contemporaine, les confessions et points de vue de celles qui généralement n’ont pas voix au chapitre. Ces portraits bien trempés, qui mettent à l’honneur la diversité, vivacité et sagacité de la condition féminine, prennent, dans le drame L’endemà de Fedra (PORTELL I CLAR, 2015a), les différents visages de l’héroïne mythologique : la Phèdre de Crète, l’épouse, la désespérée, la repentie, l’amoureuse, la femme sensuelle.
De la relecture complexe de cette figure fondatrice du canon féminin nous passons, dans « CONY. Cal Oblidar Nova York » (extrait du livre à six mains La recerca del flamenc [PORTELL I CLAR, 2015b]), à l’expérience d’une femme désabusée qui se réfugie dans une maison perdue du Delta de l’Ebre, locus amoenus nécessaire pour oublier les déboires de sa vie amoureuse à New-York. Si le sujet est commun à des précédentes œuvres, la technique narrative est ici insolite. L’instance narratrice n’est autre que le vagin : le « cony », en catalan, qui est aussi le sigle du titre : « Cal Oblidar Nova York », à savoir « Il Faut Oublier New-York », comme le narrateur vaginal conclut :
Tu te dévêtis peu à peu, comme dans un rituel. La robe légère et blanche, en lin. Les sandales. Tu en as la certitude : c’est ici le lieu où pouvoir recommencer. Vivre sans le besoin des autres et n’être la compagne de personne d’autre que ceux qui savent t’accompagner. Ne plus être à personne ni pour personne. Seulement à toi et pour toi. Tu t’allonges nue, légèrement inclinée vers la profondeur du champ de riz. C’est à ce moment précis que tu sais que tu renais : le soleil et la terre t’accueillent dans leur crépuscule de chaque jour et, peu à peu, tu traînes tes doigts de savon et d’eau jusqu’à me caresser. Tu te masturbes, essentielle, embryonnaire. Fini les malentendus, les proclamations. Fini l’attente. Et si pour aimer il faut attendre, il faudra finalement être aimé, aussi. Tu t’aimeras toi et tu m’aimeras moi comme tu aurais dû faire toute ta vie. Désormais nous ne serons que toi et moi, femme avec vagin et vagin de femme, nous déflorant par plaisir devant les astres. Et quant au reste, il n’a qu’à se présenter : tu es préparée. Il faut oublier New York.2
Dans cette confiance en soi retrouvée, dans cette symbiose atteinte entre esprit et sexe, qui n’est pas sans rappeler les Monologues du vagin de l’étasunienne Eve Ensler, ce discours vaginal offre une interprétation d’autant plus singulière que notre auteur est un homme.
En adoptant un regard émotionnellement puis sexuellement féminin, en osant faire parler l’intimité féminine, Sebastià Portell déjoue ainsi les binarismes traditionnels. C’est dans ce même esprit queer qu’il aborde plus explicitement les questions du corps et de la sexualité masculine dans le roman El dia que va morir David Bowie (PORTELL I CLAR, 2016a). Dans cet ouvrage qui, dans une certaine mesure, adapte au contexte contemporain les débats sur les mœurs de la société franquiste dans El dia que va morir Marylin Monroe de Terenci Moix (1969), l’auteur nous y décrit le parcours frénétique d’un jeune homme gay, libertin compulsif et insouciant, vers la salle d’attente d’un hôpital. C’est là qu’il devra faire un test pour détecter une éventuelle maladie vénérienne, fruit de ces ébats éphémères, et c’est également dans ce lieu qu’il prendra le temps de penser sa fureur de vivre, par-delà les normes. Cette réflexion l’amènera à assumer sa condition, dans un rapport paradoxal à sa mère et à l’héritage de l’éducation franquiste :
Oui, évoquer cette sensation, c’est comme si j’avais pris, sans aucun doute, tous les extasys qu’on peut trouver dans une grande boîte de nuit, tous ceux que je cache dans la commode de ma chambre, juste dans le même tiroir où je garde, comme un fétiche, ce manuel de ma mère pour savoir être une maîtresse de maison exemplaire. Je lui ai pris dans une geste presque de survie, d’auto-défense, dans le grenier. Je me suis dit, lors d’une de mes visites, de ces visites de temps à autre au village : si ce livre était pour toi ta bible, maman, il le sera pour moi à présent. Ou du moins je comparerai tous mes gestes à ce qu’il exige. Je deviendrai la parfaite folle dans une Barcelone postmoderne, dans un vingt-et-unième siècle auquel personne ne croit vraiment, tant il change constamment, dans un monde où les libertés, les options, les couleurs, les formes et les nouvelles manières de vivre nous emprisonnent. Et il est resté là-bas, le livre : extasy et doctrine franquiste dans un même tiroir. Le tiroir des drogues dures, voilà. Si je n’étais pas dans cette salle d’attente je me dirais que c’est quand même drôle, je me dirais que c’est curieux, ma foi, et peut-être même bien que j’en rigolerais, mais là ce n’est pas le cas et je ne peux pas me permettre de penser à autre chose qu’au sexe et à tout ce qui m’a amené à être ici, maintenant, dans ce lieu de merde qui m’enferme dans ma propre pensée, dans mon intérieur le plus profond et qui mérite, en toute sincérité, d’être absolument ignoré.3
Cette première incursion, sexuelle, dans les masculinités alternatives au modèle canonique va déboucher sur le conte « Panorama amb pop i purpurina (també hi surt un unicorn) », (publié dans RISC. Antologia de textos :Rata_ [PORTELL I CLAR, 2017]). Si la fiction commence par une rencontre – classique, quoique fortement sexualisée – dans un bar entre un homme et une femme, elle se poursuit chez cette femme qui se transforme, en plein acte, en poulpe violet qui lui parle et l’interroge. Ce délire, qui en dit long sur les figures animales associées à la femme libérée, va donner lieu à d’autres hallucinations dignes des psychotropes les plus puissants : la place Rouge de Moscou, José Maria Aznar (ex-président de droite du gouvernement espagnol), Frida Khalo, les sirènes… un voyage dans les airs avant de revenir sur terre et de retrouver la femme qui a en fait un pénis :
Si elle était une femme et maintenant un homme, que toi tu étais homme et que tu es à présent complètement ébranlé par tout ce que tu viens de vivre, en quoi ça, ça va te transformer ? Mais qu’est-ce que tu as fait pour en arriver là ? Et tu attends quoi, là ? L’invasion de la pièce par Woolf qui réclame une chambre à soi ? Ou par Butler qui te fait un cours sur genre, sexe et performativité ? Ou encore par un escargot bègue et fan de badminton qui t’expose les avantages de l’hermaphroditisme » ?4
Sur ce constat épiphanique d’une nouvelle réalité trans, notre homme voit un éclair de Zeus sur le point de le transpercer, tel un Saint-Sébastien, pendant qu’il écoute les dernières mots d’une chanson certainement attribuable à David Bowie, dont le narrateur annonce finalement la mort.
Ce conte, qui fait la part belle à nouveau au chanteur androgyne de Space Oddity, met aussi en exergue la figure du trans que la pièce Transbord (PORTELL I CLAR, 2018b) va développer avec réalisme. Nous nous retrouvons de nouveau dans un lieu médical : un cabinet d’une psychiatre de la Sécurité Sociale, qui sert d’espace de parole et de scène des souvenirs pour Pol Mir Garriga. Ce jeune personnage en transition, de femme à homme, dont le prénom est un clin d’oeil au philosophe queer Paul B. Preciado, développe un argumentaire pour demander à être reconnu comme homme sans pour autant avoir à se déclarer malade. Face à lui se trouve une psychiatre à la fois dure et protectrice, qui devient, par art théâtral, la mère et l’amoureuse de Pol. Cette œuvre à la fois militante et poétique, didactique et pleine d’humour, interroge le traitement pathologique des personnes trans dans un dialogue vif qui met à mal les préjugés et rend visible les paradoxes de nos sociétés sur les questions de genre. À cet effet, la métaphore de la gare de train, de ses voies, et du voyage par correspondance, permet de déployer spatialement, à travers les multiples possibilités du non-lieu, l’idée du trans :
« Je serai très clair : je ne change pas de direction. En fait, je change simplement de train. Il arrivera peut-être au même endroit, il arrivera peut-être à la même heure, mais le paysage sera tout autre. Plus agréable, différent. A l’instant même où je vous parle je suis sur un quai, sur le point de prendre une correspondance, d’effectuer le transfert. Je suis venu en courant. J’ai tiré la langue sur tout le chemin. Je pensais que je n’y arriverais pas. Qu’il n’y avait pas de connexion possible entre les voies. Que je serais tout seul. Mais par chance il n’en a pas été ainsi. Même si ça ne vous plaît pas, même si ça peut vous dégoûter…5
Comme le précisera Pol un peu plus loin, ces trains ne représentent pas les deux identités – féminine puis masculines – mais les modes de vie de Pol dans la société : la vie que les autres lui ont assignée et celle qu’il a choisie.
Le roman Ariel i els cossos (PORTELL I CLAR, 2019) s’inscrit dans cette même lignée tout en s’ancrant dans une réflexion sur l’effet sur le récepteur d’une littérature conçue comme une gare, une zone d’échanges et transferts. Ariel est un et plusieurs personnages, homme ou femme, selon trois niveaux : l’une ou l’autre des deux parties que comporte l’ouvrage, les discours au sein des parties, et, finalement, les regards qu’on lui porte et qui le recréent. Objet du désir permanent, il se situe au-delà des corps et des genres, dans les mots qui l’écrivent et l’efface au fur et à mesure, invitant à repenser l’humanité sous le signe du travestissement ontologique, comme un chœur d’êtres qui se redéfinissent au gré des désirs et fictions d’autrui. Insaisissable, se tapissant dans les différents discours qui le citent ou dans les « notes à pied d’âme » qui sont les poèmes graphiques de son probable journal intime, il est présence absolue, laissant des traces dans l’impact de sa personne, avec ou sans corps, sur les corps qui l’entourent et qui veulent le définir, comme dans ce premier exemple :
EUGENI ESSAIE D’ECRIRE CE QU’ARIEL EST.
Ariel, c’est écrire tout en italique. Ariel, c’est pleurer dans la voiture, entendre quelqu’un chanter sous la douche. Ariel, c’est ne pas prendre de parapluie quand il pleut. Ariel, c’est avoir les chaussures et chaussettes mouillées un jour de pluie. Ariel, c’est la pluie impossible de savoir. Ariel, ce sont des amandes grillées. Ariel, c’est le silence de l’attente d’un appel avec un inconnu. C’est vivre dans un aéroport.6
En écho à Orlando de Virginia Woolf, Ariel i els cossos est une réflexion sur le désir et l’identité pour décrire Ariel, ce personnage éponyme, jamais acteur et toujours héros, dont le prénom androgyne peut renvoyer aussi bien à l’esprit enchanteur de La Tempête de Shakespeare qu’à la petite sirène qui veut devenir humaine. Le lecteur peut y retrouver également, doublée et mise en abyme, la structure traditionnelle de la fiction initiatique de La mort de na Margalida.
Cet amour de la littérature comme lieu de toutes les identités possibles trouve une consécration dans son dernier ouvrage, Les nenes que llegien al lavabo (PORTELL I CLAR, 2021). Cette œuvre de non-fiction se veut un hommage à la lecture et à l’écriture, à travers une série d’épisodes autobiographiques qui dialogue avec des réflexions sur la construction normative du fait littéraire... l’ensemble se situant en correspondance avec la conversation et la réflexion qu’il a engagées quelques années plus tôt sur l’oeuvre libertaire de la majorquine Antònia Vicens : Antònia Vicens. Massa deutes amb les flors (PORTELL I CLAR, 2016b) et Davant el fulgor. Per a llegir l’obra d’Antònia Vicens (PORTELL I CLAR, 2018c). Dans cette pensée qui prétend affranchir l’écrit artistique de son carcan canonique, qui interroge les concepts de culture populaire et haute culture, il y a bien évidemment un lien avec la logique trans de la démarche queer.
Dans son œuvre, Sebastià Portell exprime la quête identitaire indistinctement par le récit et le théâtre. Ce jeu entre les genres est aussi entre l’écrit et l’oral : il est de fait intéressant de constater, dans les narrations, l’importance d’une part du monologue intérieur ou parole intime et d’autre part, l’insistance présence d’un destinataire marqué par la deuxième personne du singulier. C’est par exemple la femme à qui s’adresse le vagin dans « CONY. Cal Oblidar Nova York », l’homme amoureux de « Panorama amb pop i purpurina (també hi surt un unicorn) ». Ce déplacement du « je » vers le « tu » renvoie non seulement au dialogue théâtral entre personnages mais aussi entre scène et salle. Le lecteur est ainsi invité à prendre l’identité d’un personnage, à se déguiser fictionnellement pour compléter et poursuivre la vie de ces êtres de papier et de désir, comme l’est par exemple Ariel. Cette stratégie place précisément la performance fictionnelle du côté de la lecture pour faire prendre conscience à la société du poids de son regard et de sa capacité à déconstruire les prétendues normalités.
Sur ce point, sans doute pour asseoir la résistance médiatique de sa posture au sein d’une société encore hétéronormée, Sebastià Portell pratique avec force l’intertextualité. Si l’on ne s’intéresse qu’aux épigraphes des différents ouvrages, nous observons la présence nombreuse d’auteurs de langue catalane (Blai Bonet, Maite Brazales, Salvador Espriu, Biel Majoral, Maria-Mercè Marçal, Biel Mesquida, Terenci Moix, Antònia Vicens), et d’écrivans internationaux (Roland Barthes, David Bowie, Judith Butler, Rupaul Charles, Lu Colombo, Rubén Darío, Jean-Luc Godard, Sarah Kane, Paul B. Preciado, Joaquim Sabina, Françoise Sagan, Paul Simon, Virginia Woolf).
Comme nous avons pu déjà le remarquer, certaines fictions sont même des hommages à d’autres œuvres. Dans cette esthétique citationnelle chère à Sebastià Portell. deux œuvres se distinguent : El dia que va morir David Bowie multiplie les références, des plus élevées aux plus populaires ou alternatives, et inscrit la réflexion vitale de notre protagoniste dans un double chemin : à la fois celui de la cartographie d’une Barcelone « Babylone », et les déambulations à travers le moteur de recherche d’internet et la page wikipedia. Ce collage permanent se développe de manière réflexive dans Les nenes que llegien als lavabos, qui rend compte des expériences de lectures et, par conséquent, des livres lus.
À travers cette intertextualité Sebastià Portell fonde sa propre relation dialogique à la culture : il nous montre les tissus et coutures des habits et peaux de sa critique queer avec laquelle il nous interpelle. En ce sens, notre auteur, dont vous découvrirez dans ce dossier différentes traductions, cherche à nous libérer par le queer, répondant ainsi à la définition de l’art queer selon Muriel Plana et Frédéric Sounac ;
Si nous pensons qu’aucune émancipation véritable, ainsi que le rappelle Judith Butler dans Trouble dans le genre, ne peut se faire en dehors de la loi et de la culture, en dehors de l’histoire, du langage, et donc de l’art, il apparaît que l’art queer, en inventant des formes et des points de vue alternatifs sur nos vies, sur nos corps et sur les possibilités de nos corps, peut nous aider à être plus libres. (PLANA et SOUNAC, 2015, 20)