La main de Thôt http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot Théories, enjeux et pratiques de la traduction et de l'interprétation fr Une voix de la contreculture américaine à l’épreuve de la (re-)traduction : One Flew Over the Cuckoo’s Nest, de Ken Kesey http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1402 Cet article est consacré à l’étude de la résistance telle qu’elle s’incarne dans Chief Bromden, le personnage-narrateur central de One Flew Over the Cuckoo’s Nest de Ken Kesey et dans son discours narratif. Métisse amérindien éclipsé par deux autres personnages ˗ Randle McMurphy et Nurse Ratched ˗ dans la célèbre adaptation filmique de Milos Forman du roman, Chief Bromden est pourtant le porte-parole choisi par l’auteur de One Flew Over the Cuckoo’s Nest, voix majeure de la contreculture américaine des années 1960. Le style narratif de Bromden, à la fois métaphorique et empreint d’oralité, présente la réalité au prisme de l’imaginaire d’un patient atteint de troubles psychiatriques et sujet à des hallucinations. Ce mind style soulève des enjeux idéologiques, linguistiques et traductologiques susceptibles de jeter un éclairage théorique sur les difficultés pratiques rencontrées lors de la révision de la première traduction française du roman (Stock, [1963], 1976). Pour rendre compte de cette expérience de re-traduction partielle dans une démarche réflexive et comparatiste, nous chercherons à tester la pertinence de la résistance comme notion opératoire dans une perspective traductologique. Sachant que la version française révisée de Vol au-dessus d’un nid de coucou (Stock, 2013) avait pour principale motivation éditoriale la nécessité de moderniser la traduction de ce classique de la littérature américaine, on cherchera à distinguer ce qui, dans la traduction de 1963, a su rés mer., 15 janv. 2025 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1402 Résister à l’effacement de l’hétérolinguisme en traduction littéraire : http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1337 L’une des principales questions que peut soulever la traduction d’un texte littéraire hétérolingue est sa transposition d’une langue source à une langue cible en raison de son hétérogénéité linguistique. La présente contribution vise à partager notre vision et notre position traductive à l’égard d’un texte en situation hétérolingue, en l’occurrence Les Temps noirs d’Abdelhak Serhane. Aussi proposons-nous d’exposer les caractéristiques linguistiques de l’écriture littéraire hétérolingue de ce roman pour ensuite aborder la délicate la problématique de l’acte de traduire d’un texte hétérolingue vers la langue arabe. À cet effet, nous prendrons pour exemple concret la traduction de l’onomastique comme élément révélateur de l’hétérolinguisme du texte. Notre objectif est de présenter notre démarche traductive pour résister à l’effacement des marques de l’hétérolinguisme littéraire lors du passage de la langue français à la langue arabe. One of the main questions that the translation of a heterolingual literary text can raise is its transposition from a source language to a target language due to its linguistic heterogeneity. This contribution aims to share our vision and our translation position with regard to a novel in a heterolingual situation, Les Temps noirs by Abdelhak Serhane. We therefore propose to expose the linguistic characteristics of the heterolingual literary writing of this novel and then address the delicate problem of the act of translating a heterolingual text into the Arabic language. To this end, we will take as a concrete example the translation of onomastics as an element revealing the heterolingualism of the text. Our objective is to present our translation approach to resist the erasure of the marks of literary heterolingualism when passing from French language to Arabic language. lun., 13 janv. 2025 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1337 Jakob Venedey, Petite histoire de Toulouse et du Languedoc par un voyageur allemand (1846) http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1387 Les éditeurs français proposent beaucoup de traductions révisées ou nouvelles de textes très connus, mises à jour selon les critères du moment. Des exemples viennent à l’esprit en littérature, d’Homère à Kafka, en philosophie, avec Hegel, et en psychanalyse, avec Freud. On comprend les raisons du phénomène, mais le résultat en est que des textes intéressants restent dans l’ombre selon un cercle vicieux : un tel est peu connu, donc on ne le traduit pas, donc on ne le connaît pas, etc. Les mêmes éditeurs déplorent pourtant parfois le manque de curiosité des Français pour les « belles étrangères », le difficile étant d’ouvrir d’autres fenêtres que celles donnant sur des forêts depuis longtemps exploitées et balisées. Depuis une vingtaine d’années, l’auteur de ces lignes a quitté ce balisage confortable en traduisant et présentant, avec le soutien d’organismes publics de recherche, des textes allemands des années 1830 et 1840 (Arnold Ruge en 2004 et 2021, Karl Gutzkow en 2023), et il se réjouit de voir cette orientation de recherche se poursuivre avec Hélène Leclerc et Venedey. Le problème est que, s’agissant d’auteurs de second rang, Ruge derrière Marx et Gutzkow derrière Heine, les traductions tendent à devenir des prétextes ou pré-textes à leur présentation. Comment, en effet, sinon par une présentation précise et convaincante, intéresser les lecteurs à des auteurs dont, s’ils ne sont pas des spécialistes de l’époque ou des questions concernées, ils n’ont jamais lu le nom ? C’ lun., 06 janv. 2025 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1387 Introduction http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1378 La pensée et la pratique de la traduction invitent sans cesse à une confrontation avec la notion de résistance, et ce sur plusieurs plans. Qu’il s’agisse du choix du texte que l’on traduit ou de la stratégie mise en place par la personne qui le traduit, ou encore des conditions de travail auxquelles elle est confrontée, cette résistance se fait sentir à toutes les étapes du processus, et s’applique également à la réception du texte traduit ainsi qu’à la visibilité ou à l’invisibilité des traducteurs et traductrices et de l’acte traductif lui-même. Ainsi, les stratégies d’invention et de renouvellement des formes dans le but de venir à bout de ce qui résiste au transcodage constituent l’une des illustrations de cette notion à travers laquelle se dessinent les rapports entre texte qui résiste et traducteurs et traductrices qui affrontent cette résistance. Quels que soient la forme, le genre, ou encore la portée du texte à traduire, les résistances se font sentir dans la prise en compte de ses traits stylistiques ou culturels, certains textes présentant davantage de difficultés liées, par exemple, à la présence d’une identité culturelle et/ou linguistique dite « non-standard ». Là où se présentent des résistances, le premier réflexe est de tenter de trouver une solution qui ne heurte pas le lectorat, une porte d’entrée dans la langue d’arrivée pour tenter de lui fournir un accès à la spécificité, à l’étrangeté du texte, à l’Autre. Cependant, le recours à des formes dites équiva ven., 20 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1378 Experimental Translation: The Work of Translation in the Age of Algorithmic Production http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1385 Lily Robert-Foley opens her book, Experimental Translation: The Work of Translation in the Age of Algorithmic Production, published by Goldsmiths Press in 2024, by acknowledging the significant progress made by machine translation and the increased uncertainty surrounding the place for human beings in the literary arts, the topic of many impassioned discussions of the place of humans in future. She asserts that a worthwhile response to the “threat” of AI lies in resisting traditional translation paradigms and practices, which is what she proposes to do in the 226 pages of her book. Her very thorough introduction enters into dialogue unpacks a multitude of issues, including but certainly not limited to the choice of the term “experimental” in her title (itself a nod to Walter Benjamin’s seminal 1935 essay “The Work of Art in the Age of Mechanical Reproduction”), the evolution of machine translation and its consequences on the way in which we envisage the notions of signified and signifiers, the law of fidelity and the role of norms, as well as the thorny issues of authenticity and originality. After her introduction, Robert-Foley proposes seven thematic chapters, each dedicated to a separate translation procedure, taken from the typology advanced by Vinay and Darbelnet in their 1958 book Stylistique comparée du français et de l'anglais. These procedures, borrowing, calque, literal translation, transposition, modulation, equivalence, and adaptation, have become a point of refe ven., 20 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1385 Créole in the Métropole: Co-Translating Ady, soleil noir http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1383 Gisèle Pineau’s novel Ady, soleil noir was published in 2021 by Philippe Rey, and was awarded the Prix du roman historique for presenting the forgotten story of Adrienne Fidelin. Adrienne, or Ady, arrived in Paris from Guadeloupe in the late 1920s and met photographer Man Ray at the Bal Colonial (Bal Blomet) in Paris. She subsequently became his muse and model, as well as a muse for other surrealists such as Picasso and Paul Éluard, while continuing her work as a dancer and actor. The novel gives Ady a voice to tell her story, as she only has traces in archival material, a few paragraphs in Man Ray’s Self Portrait, or a surrealist painting by Picasso Femme Assise sur Fond Jaune et Rose, II (1937). However, Pineau also addresses the tension between French citizens living in Hexagonal France, especially Paris, and those beyond those boundaries. Much of the novel takes place in the mid-1930s, before Guadeloupe was officially departmentalised in 1946 and accurately depicts these racial tensions that inspired Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, and Léopold Sédar Senghor to start the négritude movement. The geographical, cultural, and linguistic distance between France and the Caribbean, and the question of Blackness complicates what it means to be French. In this piece, we outline the practical details of our collaboration, and explore some of the key challenges we faced while translating. We decided to work on the novel together in 2022 after hearing about the World Writing in Fre jeu., 19 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1383 Quelques résistances traductives en poésie : notes sur les poèmes de Lotte Kramer (1923-) et traduction de «  The landscape stays the same »  et « Morning » http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1350 Les poèmes de Lotte Kramer m’ont déjà donné l’occasion à plusieurs reprises de me confronter aux divers aspects de la notion de résistance qu’ils donnent à percevoir et, plus encore, à éprouver lors de leur lecture et de cet acte fondé sur une incorporation première qu’est la traduction. La phase initiale de celle-ci, décisive, consiste en effet le plus souvent, comme le souligne le poète et traducteur Claude Vigée, à « marmonner » des vocables, à appréhender un rythme « en l’intériorisant par degrés », en « gliss[ant] avec un bonheur inquiet de phonème en phonème » (VIGÉE, 1991, 34). Cette phase de balbutiements, de « babélisation » (BATISTA, 2003, 22) est nécessaire car riche d’enseignements. Cette première approche, tactile autant que sonore, pose les fondations d’une rencontre intime avec une texture, un rythme, une matière qui ne pourront plus, par la suite, être perdus de vue. Elle entraîne dans une expérience des limites du possible, du souhaitable, plaçant au cœur de cet itinéraire la question de l’allégeance à l’objet de la fascination première qu’est le poème et au partage du sensible auquel il invite. La toute première résistance du poème est, dans l’ordre d’apparition, celle de sa naissance, de la survenue tardive de ce mode d’expression chez Lotte Kramer dont le traumatisme originel, celui de l’adolescente allemande venue en Angleterre avec le Kindertransport pour échapper aux horreurs nazies, fut longtemps relégué à l’obscurité d’un être en quête de survie par lun., 16 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1350 Présentation http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1381 La rubrique « Tablettes de Thôt » accueille cette année le travail de plusieurs étudiant‧es du D-TIM de l’Université Toulouse Jean-Jaurès, et également du DEMA (Département des Études du Monde Anglophone). Catherine Mazellier-Lajarrige a encadré le travail de quatre étudiant‧es du D-TIM qui ont proposé une traduction de plusieurs poèmes, accompagnée d’un court commentaire. Les trois étudiant•es francophones, Jonas Dormoy, Lorette Goulu, et Danaé Tomas, ont traduit chacun‧e un poème de Rudolf Leonhard, « Der Fleck », « Genesung » et « Erschlichne Freiheit », et un étudiant germanophone, Julian Hammer, a traduit le « Sonnet VI » de Jean Cassou. Ces traductions ont été effectuées dans le cadre de séances dédiées à la traduction poétique, et elles ont été affinées et commentées pour cette publication. Christopher Chassagneux, un étudiant du Master Recherche au DEMA, a travaillé sous la direction de Nathalie Vincent-Arnaud pour traduire un article écrit par le traducteur américain Mark Polizzotti (auteur de Sympathy for the Traitor: A Translation Manifesto, publié en 2018). Enfin, six étudiantes du DEMA ont accepté de remanier des devoirs qu’elles avaient faits dans le cadre des cours de traductologie en M1 assurés par Tiffane Levick. Gladys Corsault, Célia Maafri, et Aline Carrier et Maëva Maza proposent ici leur traduction d’un passage de trois nouvelles écrites par l’autrice australienne Jennifer Down, tirées de son recueil Pulse Points (2017). Pour accompagner leur traduction, lun., 16 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1381 Traduction et résistances à l’exemple de poèmes de Rudolf Leonhard et de Jean Cassou http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1351 Rudolf Leonhard (1889-1953) est un poète, écrivain et traducteur allemand, sympathisant communiste. Il s’installe en France à partir de 1928. Pacifiste, il co-fonde le “Comité d’aide aux victimes du fascisme hitlérien” en 1933, et édite l’hebdomadaire Die Aktion, journal d’opposition au régime nazi. Il est déchu de sa nationalité allemande en 1934. Arrêté par les autorités françaises en 1939 car considéré comme “étranger suspect et dangereux”, il est transféré et incarcéré au camp du Vernet d’Ariège, dans le sud-ouest de la France. Il y écrit des poèmes, des récits de rêves, et même une pièce de théâtre, Les otages. En 1941, il est transféré à la prison de Castres, au secret, où il continue d’écrire. Il s’évade de Castres en 1943, à la faveur d’une évasion collective, trouve refuge à l’abbaye d’En Calcat, puis vit dans la clandestinité à Marseille jusqu’à la Libération, tout en poursuivant son travail d’écriture de textes résistants. Il rentre à Paris en 1945. Puis, en 1950, il retourne vivre en Allemagne, à Berlin-Est, et y reste jusqu’à sa mort, sans obtenir de la RDA la reconnaissance espérée. Raphaël Jean Léopold Cassou (1897-1986), dit Jean Cassou, est un écrivain, poète, critique d’art, conservateur de musée, traducteur et résistant français. Passionné de la langue, de la littérature et de la civilisation espagnoles, il a traduit plusieurs grands écrivains espagnols, dont Cervantès. En 1934, il devient membre du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes. En 1 mar., 10 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1351 Traduction de “Is the translator a servant of the text or an original artist?” (Mark Polizzotti) http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1356 https://aeon.co/essays/is-the-translator-a-servant-of-the-text-or-an-original-artist Il y a une quarantaine d'années, comme beaucoup de mes amis étudiants, j’ai lu Cent ans de solitude (1967) de Gabriel García Márquez. Si les souvenirs que j’en garde ont malheureusement perdu de leur éclat, il en est un qui demeure : le sentiment de dépaysement, l’impression d’être entièrement plongé dans l’atmosphère du livre, qui m’avait accompagné pendant près d’une demi-heure après en avoir lu la dernière page. C’était bien sûr l'œuvre de García Márquez que j’avais lue, mais, plus pragmatiquement, c’étaient l’anglais, les rythmes et les sonorités de Gregory Rabassa, son traducteur. Même si j’avais été capable d’apprécier l'œuvre originale en espagnol, je n’aurais pas eu besoin de comparer l’original à la traduction pour savoir que ce que Rabassa avait produit était indéniablement réussi. Qu’est-ce qui détermine la qualité d’une traduction  ? La question se pose depuis la querelle de St Jérôme et St Augustin à propos de la manière la plus fidèle de traduire la Bible (St Augustin prônant le respect du canon, et St Jérôme œuvrant pour “la beauté d’une chose bien dite”) et, en dépit des siècles d’études, nous sommes toujours aussi loin d’en avoir trouvé la réponse. À l’heure de Google Traduction et de l’intelligence artificielle, nous pourrions laisser nos smartphones faire le travail, et délaisser complètement cette question. En effet, nous devons reconnaître la rapidité et l’impartialité av mar., 10 déc. 2024 00:00:00 +0100 http://interfas.univ-tlse2.fr/lamaindethot/1356