L’Encyclopédie au Brésil

  • A Enciclopédia no Brasil
  • Translating Diderot and d'Alembert's Encyclopédie in Brazil in the 21st century
Traduit de :
A Enciclopédia no Brasil

L’article examine la réception de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert au Brésil, plaçant ce processus dans le contexte plus large des Lumières portugaises. Loin d’épuiser le sujet, il fournit quelques indications préliminaires à une recherche plus approfondie, cherchant, dans le même temps, à pointer certaines limites de l’absorption des idées des Lumières dans la culture lusophone en général et au Brésil en particulier. Nous suggérons que, dans le cas du Brésil, ces limites s’expliquent, au moins en partie, par la situation de la colonie par rapport à la métropole aux XVIIIe et XIXe siècles, défavorable au développement de ses propres traditions intellectuelles.

O artigo examina a recepção da Enciclopédia de Diderot e d’Alembert no Brasil, situando esse processo no contexto mais amplo das Luzes portuguesas. Longe de esgotar o assunto, fornece algumas indicações preliminares a uma pesquisa mais profunda, buscando, ao mesmo tempo, apontar para certos limites da absorção do ideário iluminista na cultura de língua portuguesa em geral e do Brasil em particular. Sugerimos que, no caso do Brasil, esses limites se explicam, ao menos em parte, pela situação da colônia em relação à metrópole nos séculos XVIII e XIX, desfavorável ao desenvolvimento de tradições intelectuais próprias.

This article examines the reception of Diderot and d'Alembert's Encyclopédie in Brazil, placing the process in the wider context of the Portuguese Enlightenment. Far from exhausting the subject, it provides some preliminary indications for further research, seeking, at the same time, to point out some of the limits of the absorption of Enlightenment ideas in Lusophone culture in general and in Brazil in particular. We suggest that, in the case of Brazil, these limits can be explained, at least in part, by the colony's situation in relation to the metropolis in the eighteenth and nineteenth centuries, which was unfavourable to the development of its own intellectual traditions.

Texte

Ce texte propose des références permettant de reconstituer une histoire de la réception de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert au Brésil. Il ne s’agit pas d’une recherche détaillée, mais de lignes directrices pour une étude sur ce sujet, étude qui a été rédigée à l’occasion de la publication d’une sélection d’articles en portugais éditée par nos soins.

Le projet de traduction de l’Encyclopédie en portugais a débuté en 2013 à partir de l’idée de rééditer le Discours préliminaire, publié pour la première fois dans le domaine lusophone en 1989 par les éditions de l’Unesp, accompagné du Prospectus, tous deux dans la traduction de Fúlvia Moretto. La même maison éditoriale a fait paraître en 2006 un volume d’Articles politiques organisé par Maria das Graças de Souza. L’idée de partir de ces matériaux pour aboutir à une édition plus étendue d’articles de l’Encyclopédie est venue de Jézio Gutierre, directeur-président des éditions de l’Unesp qui a pris contact avec nous et a suggéré la réalisation d’une nouvelle édition en plusieurs volumes organisés par thèmes et réunissant des articles par ordre alphabétique.

Ainsi, grâce à un travail de sélection et de traduction, les organisateurs sont parvenus à l’élaboration de cinq volumes publiés en 2015 : 1. Discours préliminaire ; 2. Le Système des connaissances ; 3. Sciences de la nature ; 4. Politique ; 5. Société et Arts. Chaque volume s’ouvre sur une présentation ; les articles comportent le titre, le nom de l’auteur, l’indication du volume et de la page de l’original, et en fin de texte les initiales du nom de la traductrice ou du traducteur. Le texte source base utilisé est celui de l’édition de Chicago, le plus facile d’accès en ligne (https://encyclopedie.uchicago.edu/) à l’époque.

Le premier volume se démarque de l’ensemble, non seulement parce qu’il n’est pas thématique, mais également parce qu’il offre deux présentations, l’une de Maria das Graças de Souza, l’autre de Franklin de Mattos, un appareil critique comportant des références bibliographiques et la liste des articles sélectionnés pour la collection. Pour tous les volumes, ont été adoptés les mêmes critères de sélection, à savoir qu’ont été privilégiés les articles qui étaient déjà des références à l’époque ou le sont devenus par la suite, les articles qui peuvent avoir un intérêt théorique ou conceptuel pour la philosophie et, enfin, les articles qui peuvent alimenter une réflexion sur les thèmes importants du XXIe siècle. Le but était ainsi d’offrir un panorama relativement exhaustif des thèmes et des sujets abordés dans l’Encyclopédie, des auteurs qui y ont contribué et des différents styles de composition des articles.

En 2017, un sixième volume, « Métaphysique » a été publié, venant combler une lacune ressentie par les organisateurs mais aussi par les éditeurs (qui comptent, outre Jézio Gutierre, Leandro Rodrigues, qui a suivi l’édition de ce volume, et Túlio Kawata, réviseur principal du texte). Le projet, loin d’être épuisé, continue d’être mené. Pour 2022, il est prévu un volume 7, « Culture et vie matérielle », qui comportera environ 100 articles portant sur des aspects qui relèvent de ce qu’on pourrait appeler la « matérialité » de la civilisation des Lumières, avec une attention spéciale accordée aux colonies européennes en Amérique, dont le Brésil. Une révision des volumes déjà publiés est prévue. L’ensemble est réalisé à partir de l’édition de l’Encyclopédie en ligne ENCCRE (http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/ ).

Édités en couverture cartonnée, à un tirage de 2000 exemplaires chacun, les volumes sont vendus à un prix compatible avec des livres de même qualité sur le marché éditorial brésilien, ce qui signifie que ce sont des livres onéreux par rapport au pouvoir d’achat des lecteurs (chacun coûte en moyenne 80 reais, c’est-à-dire 20 euros ; mais, si l’on prend en compte la disparité de revenus entre le Brésil et la France, une estimation plus juste correspondrait à 25 euros dans une librairie de l’Hexagone). Cet obstacle à la diffusion est compensé par une stratégie éditoriale brésilienne. Les foires du livre qui sont réalisées périodiquement offrent des réductions de 50% sur le prix de couverture et permettent aux étudiants, et plus largement au public intéressé, d’acquérir des ouvrages qui sans cela resteraient hors de portée. La version brésilienne de l’Encyclopédie a connu une réception critique favorable. Objet d’un entretien et d’une note critique dans la presse, elle a aussi donné lieu à un long article de Michel Delon, traduit et publié dans la revue littéraire Quatro Cinco Um, une des plus importantes du pays1.

La traduction d’une importante sélection d’articles de l’Encyclopédie est un projet audacieux du point de vue éditorial. Mais on peut affirmer qu’il existe au Brésil un lectorat intéressé par les Lumières en général et les Lumières françaises en particulier. Dans les universités, les Lumières font partie des programmes de philosophie et de littérature. Depuis le milieu du XXe siècle, l’Université de São Paulo a développé une forte tradition d’études dans ce domaine, dans laquelle se distinguent des noms comme celui de Lourival Gomes Machado, de la Faculté de Droit et, au Département de Philosophie, ceux de Bento Prado Jr., Franklin de Mattos, Luiz Roberto Salinas Fortes, Maria das Graças de Souza, Milton Meira do Nascimento et Roberto Romano. La production d’études critiques – pour la plupart consacrées à Rousseau et à Diderot – a été accompagnée de la traduction des textes, nécessaires au travail en classe auprès d’étudiants qui ne maitrisent pas toujours la langue française. À ce propos, il faut mentionner le travail de Jacó Guinsburg, éditeur et traducteur de Diderot. Des travaux récents sur les traductions de Diderot et de Rousseau au Brésil, réalisés respectivement par Kamila Kabiuki (https://societe-diderot.org/en/international-bibliographical-updates/) et par Thomaz Kauwache (http://giprousseau.blogspot.com/p/bibliografia-sobre-rousseau.html), confirment la production au cours des XXe et XXIe siècles d’un corpus volumineux qui comprend de nombreuses versions des principaux écrits de ces auteurs à partir de l’original français et accompagnés d’un appareil critique (présentation, notes, bibliographie). Il en sera sans doute de même pour Voltaire lorsque cette même enquête sera réalisée. Il faut aussi mentionner des auteurs comme D’Alembert, Buffon, Condillac, Fontenelle, Helvétius, D’Holbach, La Mettrie, Maupertuis et Montesquieu qui, même s’ils n’ont pas été traduits ou lus à l’égal de la « triade » Rousseau-Diderot-Voltaire, sont malgré tout proposés dans de bonnes traductions en langue portugaise.

L’entrée de l’Encyclopédie dans le cadre des références philosophiques brésiliennes s’insère dans l’histoire de la réception et de l’adaptation des Lumières au Brésil, qui remonte à l’époque coloniale. Cette histoire passe par la prise en compte des liens de dépendance – politique, économique, culturelle – de la vie brésilienne par rapport à la métropole portugaise, où l’entrée des Lumières a, dès le début, été problématique. Pour comprendre cette situation, un bon point de départ est offert par l’Encyclopédie elle-même, dans l’article « École », rédigé par D’Alembert :

C’est à Descartes que nous avons l’obligation principale d’avoir secoué le joug de cette barbarie ; ce grand homme nous a détrompés de la philosophie de l’école (et peut-être même, sans le vouloir, de la sienne ; mais ce n’est pas de quoi il s’agit ici). L’université de Paris, grâce à quelques professeurs vraiment éclairés, se délivre insensiblement de cette lèpre ; cependant elle n’en est pas encore tout-à-fait guérie. Mais les universités d’Espagne et de Portugal, grâce à l’inquisition qui les tyrannise, sont beaucoup moins avancées ; la Philosophie y est encore dans le même état où elle a été parmi nous depuis le douzième jusqu’au dix-septième siècles ; les professeurs jurent même de n’en jamais enseigner d’autre : cela s’appelle prendre toutes les précautions possibles contre la lumière. Dans un des Journaux des savans de l’année 1752, à l’article des nouvelles littéraires, on ne peut lire sans étonnement et sans affliction, le titre de ce livre nouvellement imprimé à Lisbonne (au milieu du dix-huitième siècle) : Systema aristotelicum de formis substantialibus, etc. cunt dissertatione de accidentibus absolutis. Ulyssipone 1750. On serait tenté de croire que c’est une faute d’impression, et qu’il faut lire 1550. Voyez Aristotélisme, Scolastique etc.2

Il est vrai que le portrait dressé par D’Alembert dans ce passage reste partial et incomplet. Cependant, il a raison de noter la prédominance, dans la culture philosophique portugaise, de la philosophie thomiste ou scolastique « au milieu du dix-huitième siècle ». Il ne s’agit pas de suggérer que le Portugal est en retard sur la France, mais d’observer la présence d’un élément de résistance considérable à ce que D’Alembert et ses collègues de l’Encyclopédie considéraient sans aucun doute comme les progrès de la philosophie et de la science depuis Bacon, Descartes et Newton, tels qu’ils sont décrits dans le Discours Préliminaire. Tout se passe comme si la philosophie portugaise – d’ailleurs écrite en latin – se positionnait délibérément contre l’influence de l’élément étranger, d’où le bon mot qui termine ce passage et qui situe l’état de la philosophie portugaise au XVIIIe siècle aux environs de la date de publication du Discours de la méthode

Plusieurs historiens nous parlent des Lumières au Portugal3, mais dans un sens qui touche plus les savoirs et les pratiques en général que la philosophie elle-même. En ce sens-là, il faudrait ajouter à l’observation de D’Alembert une remarque d’Antonio Candido. Les questions caractéristiques des Lumières, comme l’explique ce critique, sont traitées « de façon bien différente au Portugal et au Brésil en comparaison avec les pays modèles, la France et l’Angleterre » :

Notre Siècle des Lumières fut éminemment pieux, scholastique, inquisitorial ; mais elles [les Lumières] se sont manifestées dans les conceptions et dans l’effort réformateur de certains intellectuels et administrateurs, encadrés par le despotisme relativement éclairé de Pombal. En dehors du jugement qu’on peut porter sur lui, son action a été décisive pour le Brésil, favorisant des attitudes mentales plus évoluées qui allaient stimuler le désir de savoir, l’adoption de nouveaux points de vue dans la littérature et dans la science, une certaine réaction contre la tyrannie intellectuelle du clergé et, enfin, le nativisme4.

Selon cette observation générale, les Lumières ne sont pas entrées au Brésil et n’en ont pas eu l’occasion principalement en raison de la présence de l’Église catholique dans toutes les sphères de la petite vie littéraire de la colonie portugaise. Si la scolastique fournit les éléments conceptuels de la résistance aux Lumières, l’Inquisition et ses ramifications seront responsables, par la résistance institutionnelle, de la diffusion d’une façon de penser plus que d’une doctrine. Les conséquences de la création de ce formidable obstacle à la réflexion critique et à la réforme des pratiques administratives et gouvernementales seront un élément majeur pour la postérité des Lumières en terre brésilienne, y compris après l’indépendance. Sur le plan conceptuel et discursif, on pourrait même parler d’incompatibilité entre la vision encyclopédique du monde et la culture du catholicisme brésilien. Comme l’a montré João Adolfo Hansen, « les lettres et les arts coloniaux sacralisent le pouvoir et sa hiérarchie », proposant, dans la dénonciation des mauvaises pratiques politiques et administratives, « l’élimination des vices corrupteurs des bons usages traditionnels » plutôt que « le dépassement des pratiques existantes et de l’ordre politique5 ». Or, on sait que, loin d’être un ouvrage politiquement « révolutionnaire », l’Encyclopédie présente des visions réformistes qui proposent justement d’éliminer les vices qui corrompent un système initialement légitime et solidement en place. Pourtant, comme cela sera présenté plus loin, le « réformisme » de l’Encyclopédie concernant la traite négrière et le système mercantile, par exemple, suffirait à la placer dans une position pour le moins radicale du point de vue de la métropole, et même des colons qui ont fini par être mécontents des règles imposées, mais qui n’ont jamais remis en question la « traite des nègres » et l’esclavage.

Mais l’effet le plus radical de l’Encyclopédie vient de la restructuration de l’idée même de monde ou d’expérience, à commencer par la subversion de l’ancienne hiérarchie des arts et des genres héritée de la rhétorique classique et qui, on le sait, reléguait l’artisanat sous toutes ses formes à la condition d’un sous-genre indigne du nom d’« art », puisqu’il dépend plus de l’habileté manuelle que de la clarté de la conception.

En ce sens, l’attention accordée par Diderot aux arts et métiers est tout simplement inacceptable, si l’on se penche sur les questions portant sur la colonie brésilienne. Un exemple montre ce qui est en jeu. Une visite à l’ancienne Casa de Contos à Ouro Preto (appelée, au XVIIIe siècle, Vila Rica de Ouro Preto), emmène le touriste curieux au sous-sol où il trouve l’ancienne demeure des esclaves. Il peut y voir, outre les instruments de torture, une machine à tisser, rudimentaire il est vrai, mais qui est tout de même un exemplaire du mécanisme faisant l’objet d’une description raisonnée dans l’article de Diderot « Bas (métier à bas) »6. Outre la différence de complexité entre le métier à tisser français et son dérivé brésilien, il en existe une autre : le métier à tisser français était manœuvré par des travailleurs salariés et libres ; le brésilien, par des travailleurs réduits en esclavage. Dès lors, consacrer de nombreux articles et pages aux « arts et métiers », comme le fait l’Encyclopédie, pourrait facilement passer, dans le Brésil colonial, pour une glorification de l’activité la plus vile qui soit : le travail des esclaves, si souvent assimilé au travail des animaux, comme par exemple dans l’article « Salvador, San » (Jaucourt v. 14, p. 582), sur la capitale de la colonie portugaise du Brésil.

Pour mesurer l’importance de cette considération, revenons à Hansen qui, à juste titre, considère les « lettres » comme rien moins que le domaine dans lequel s’élabore et devient cohérente ce que l’on peut appeler la « vision du monde » colonial :

Dans les lettres coloniales, la représentation est le concept central qui articule les appropriations des modèles rhétorico-poétiques et théologico-politiques et des matières formelles et informelles, anciennes et contemporaines. Par ce terme, j’entends la forme qui compose et relie la pensée et le langage, faisant converger les concepts représentés et déductibles d’un même principe d’identité, le concept indéterminé de Dieu, toujours présupposé dans l’invention du discours selon l’opposition complémentaire de l’infini au fini7.

On peut aisément voir qu’un ouvrage comme l’Encyclopédie, qui pense le système des savoirs par agrégation à partir d’une dispersion fondamentale des activités, des objets et d’une circulation infinie des signes, pourrait difficilement se concilier avec une manière de penser dans laquelle la représentation est liée à un « principe d’identité » d’extraction théologique. Comme Diderot le précise à l’entrée « Art » mentionnée plus haut, l’invention moderne est essentiellement libre, guidée par un impératif de fonctionnalité qui, comme cela apparaît dans d’autres entrées, relève d’une anthropologie où les notions de désir et de plaisir, conçues en termes physiologiques, occupent une place centrale. On comprend désormais la persistance des impératifs de la philosophie thomiste favorable à la mission coloniale des Portugais, persistance qui offre, dans une version parfaitement claire et aboutie, un puissant antidote à la menace de démantèlement des hiérarchies conceptuelles et politiques concomitantes avec l’ordre colonial brésilien.

Cela explique dans une certaine mesure pourquoi les Lumières en général, et l’Encyclopédie en particulier, n’ont eu au Brésil presque aucune importance dans l’épanouissement ou l’inauguration d’une tradition intellectuelle critique. La présence, en terres coloniales, de l’Église avec ses différents ordres, l’oppression économique et l’interdiction de la presse, imposées d’une main de fer aux colons par les Portugais, l’existence d’un régime d’esclavage d’une étendue sans aucune commune mesure dans d’autres terres américaines, anéantissaient la possibilité d’un public lecteur plus large. De telles circonstances, gouvernées par un système théologique de représentation, auraient été pleinement efficaces pour que l’idée même d’un projet tel que l’Encyclopédie paraisse, même aux yeux de bien des Portugais installés au Brésil et insatisfaits de la métropole, comme une référence trop éloignée de leur propre réalité.

Néanmoins, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle on peut constater, dans quelques bibliothèques de la couche lettrée de l’élite brésilienne, la présence d’ouvrages des philosophes des Lumières, comme ceux de Voltaire, Rousseau, Raynal, ainsi que de rares volumes dépareillés de l’Encyclopédie, parvenus jusqu’à la colonie par voies indirectes et souvent clandestines. Au Brésil tout comme au Portugal, les livres français étaient sujets à interdiction. L’inexistence au Brésil d’universités ou de facultés limitait l’accès aux études supérieures aux seuls fils de familles assez riches pour assumer le coût des études en Europe. Ils y entraient en contact avec les idées françaises, fréquentaient les cercles érudits, et, à leur retour, rapportaient des livres dans leurs bagages. La censure rendait difficile mais ne parvenait pas à interdire la circulation des ouvrages proscrits, considérés dangereux pour les intérêts portugais d’outremer8.

À cela, il faut ajouter une information importante. Ana Cristina Araújo mentionne la publication, entre 1788 et 1793, du Jornal Encyclopedico, « véhicule privilégié de l’encyclopédisme français » et de la philosophie utilitariste anglaise, qui, malgré sa faible circulation, diffuse surtout les principes politiques et pratiques de la tradition des Lumières et contribue à la formation de ce que cette historienne appelle l’« idéal du philosophe cosmopolite9 » – incarné plus tard dans le Brésil indépendant dans les figures de la tradition libérale auxquelles A. Cândido fait allusion dans le passage déjà cité.

La méfiance des censeurs n’était pas sans raison : nombre de ces ouvrages ont été retrouvés dans les bibliothèques des participants aux mouvements de révolte qui ont eu lieu au Brésil à l’époque, qui se donnaient pour but de libérer le pays de la couronne portugaise voire d’implanter ensuite un régime républicain. Citons par exemple, le cas du Chanoine Luís Vieira da Silva, membre actif du mouvement de la Conjuration de Minas Gerais (Inconfidência Mineira), organisée à Vila Rica de Ouro Preto en 1789. Après l’arrestation de Vieira, lors de la perquisition et de la saisie de ses biens, dans l’inventaire de ses biens confisqués on trouve, au milieu des chaises, flacons, tabatières, couverts et autres ustensiles du quotidien, les livres de sa bibliothèque, au rang desquels trois volumes des œuvres de Condillac, L’Esprit des lois de Montesquieu, un exemplaire de Voltaire, cinq tomes d’un ouvrage intitulé L’Esprit de l’Encyclopédie (sans doute l’édition publiée à Genève en 1772, qui proposait une sélection offrant « les plus curieux, les plus piquants, les plus philosophiques articles de ce dictionnaire »), et deux volumes de l’Encyclopédie elle-même10. Ce n’est pas tout. Dix ans après la conjuration du Minas, une autre révolte éclate à Bahia. Selon Roberto Ventura, l’enquête et les procès faisant suite à la conjuration bahianaise de 1798 montrent que, bien que le mouvement ait été plus populaire que celui de Minas Gerais (il réunissait en effet de petits artisans, de petits gradés de l’armée, de petits commerçants, barbiers, cordonniers, etc.), ont été retrouvés entre les mains des séditieux des cahiers contenant des transcriptions de Rousseau et de Volney. Quelques années auparavant, en 1794, il y eut une perquisition à la Société Littéraire de Rio de Janeiro et, parmi les livres confisqués, se trouvaient des ouvrages de Rousseau et de Diderot11. Toutes les tentatives politiques des disciples brésiliens des Lumières françaises furent alors coupées à la racine.

Si nous nous référons à l’impact des Lumières surtout dans l’univers de la politique, c’est parce que, dans celui de la philosophie, leur importance s’est trouvée encore plus limitée, tant au Portugal qu’au Brésil. Commentant cette situation, Paulo Margutti souligne12 que la pensée philosophique portugaise demeure profondément marquée par la scolastique. Ainsi Descartes et Bacon étaient traités comme des auteurs récents et soumis à la même censure appliquée à un Locke, un Condillac, un Voltaire ou un Diderot. « L’éclectisme » qui s’insurge contre cette situation est un mouvement d’inspiration philosophique, mais à caractère pragmatique, visant la réforme des institutions éducatives et des pratiques intellectuelles comme un tout. Ce manque d’intérêt pour la spéculation philosophique pourrait être vu comme un trait caractéristique du génie portugais, tel que l’identifie Sérgio Buarque de Holanda, par exemple13. En tout cas, cela révèle un effet salutaire moins repérable de la pénétration des Lumières, dans la métropole et ensuite dans la colonie. Laissant aux « pays-modèles » (A. Cândido) l’élaboration des bases conceptuelles d’une nouvelle manière de penser, les Portugais, eux, la mettaient en pratique en obtenant des résultats remarquables. Ils se conformaient ainsi, il n’est pas inutile de le rappeler, à l’un des aspects les plus importants de l’Encyclopédie, telle qu’elle était conçue par Diderot : l’application pratique, en vue de l’amélioration de la vie en société, des principes théoriques de la philosophie et des sciences.

L’éclectisme paraît avoir porté ses fruits non seulement au Portugal, mais aussi au Brésil. Comme l’explique Maria Odila da Silva Dias, « la génération qui a participé à l’indépendance et qui naît des premières tentatives des Brésiliens d’adapter la culture des Lumières de l’Europe du milieu du XVIIIe siècle à leur cadre de vie », s’est formée « dans les principales universités européennes », surtout à Coimbra, à partir de 1772, ainsi qu’à Montpellier, Édimbourg, Paris et Strasbourg14. L’ensemble des universités des villes citées suggère déjà la nature de cette formation, tournée, dans la plupart des cas, vers le droit et les sciences naturelles. En effet, l’histoire naturelle, en particulier, paraît avoir été le domaine où l’héritage des Lumières a été le plus absorbé par la culture de langue portugaise en général15. Devrions-nous y voir la présence de l’Encyclopédie qui, comme on le sait, a privilégié dans ses pages cette science plus encore qu’aucune autre ? Mais l’examen, pour superficiel qu’il soit, de quelques ouvrages de référence dans la littérature consacrée à ce sujet, nous porte à croire que les Portugais, dans la métropole et au Brésil, se sont inspirés plutôt de Linné et de son système de taxonomie binaire, que de Diderot, Buffon ou Daubenton, qui ont critiqué ce système parce qu’il était, entre autres, au service d’un théisme philosophique. Soit. Si l’on considère que les Jésuites jugeaient « suspecte » l’Histoire naturelle, la détermination avec laquelle les Portugais et les Brésiliens s’y sont consacrés peut être considérée comme rien de moins que « révolutionnaire », selon M. O. Silva Dias. Et il ne faut pas oublier qu’avec leur faune et leur flore variées et avec leurs riches gisements miniers, les territoires coloniaux brésiliens offraient des conditions favorables à cette révolution, champ fertile pour la collecte et l’étude de matériaux – ce que les Portugais n’ont commencé à faire, de manière systématique, qu’au tournant du XIXe siècle.

Mais si le flux direct d’une culture éclairée est lent, difficile et produit souvent des résultats décevants, il y a dans le domaine des « arts et métiers » une sorte de mouvement éclairé spontané, concomitant à l’exploration des terres en quête d’or. Comme l’a montré Sérgio Buarque de Holanda, les colons portugais établis au Brésil ont assimilé les connaissances des indigènes relatives aux produits de la terre, aux caractéristiques des terres, des fleuves et du climat, développant, en analogie avec les savoirs préalablement acquis en Europe, des techniques adaptées au milieu. On trouve une première esquisse de description raisonnée d’une partie de ces activités dans le traité Cultura e opulência do Brasil por suas drogas e minas, de Antônio João Antonil. Publiée à Lisbonne en 1711, cette œuvre remarquable, rapidement « détruite sur ordre royal » préfigure le style des descriptions des arts et métiers développées longtemps après dans l’Encyclopédie. L’interdiction du livre d’Antonil était justifiée par des raisons politiques : avec les reconstitutions détaillées des chemins et des sentiers, et la localisation précise des villages et avant-postes, il pouvait fournir aux Français, Hollandais et Anglais qui convoitaient la richesse des mines brésiliennes, une sorte de carte utilisable pour une éventuelle invasion. Il faut donc dire que le Brésil colonial ne s’est pas seulement défendu contre la culture européenne dans sa version la plus « avancée » ; il a aussi dû se protéger contre les incursions des tenants de cette culture.

Pour avoir une idée plus précise de la façon dont ces techniques ont été améliorées, bénéficiant même des préceptes théoriques et pratiques de l’Europe16, il est possible de commencer par une visite au Museu da Inconfidência, actuellement situé sur la place centrale de la ville d’Ouro Preto, pour se rendre ensuite dans les églises de cette même ville et dans d’autres édifices religieux ou non des villes voisines telles que Mariana, Sabará et São João del-Rei, sans oublier Diamantina plus au nord. O peut y découvrir le témoignage abondant de l’épanouissement, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, d’une activité technique intense et d’un style de composition aux caractéristiques propres. Malgré le poids des restrictions imposées aux colons par la Couronne et le discrédit porté aux manufactures inévitablement liées au travail des esclaves, on peut soutenir que, vis-à-vis de la production intellectuelle des hommes libres, c’est dans ce domaine que le Brésil colonial a eu son encyclopédisme – davantage comme une culture matérielle capable de description et de réflexion encyclopédique que comme un effort raisonné pour parvenir à une synthèse susceptible de recueillir la dispersion de cette expérience riche et, soit dit en passant, éphémère. En visitant ces villes au début du XIXe siècle, le naturaliste français Auguste de Saint-Hilaire constatera l’état d’abandon et de pauvreté de ce qui était autrefois des lieux animés et opulents17.

Cette expérience ne figure pas dans l’Encyclopédie, qui est rédigée et publiée à un moment où ces connaissances n’ont pas encore de visibilité hors des limites formées par le Portugal et sa colonie, le Brésil. Nous pouvons dire que la présentation du Brésil colonial dans les pages de l’Encyclopédie est incomplète et même fragmentaire, mais cependant intéressante, surtout lorsqu’elle est replacée dans un contexte plus large18. En effet, l’Encyclopédie fournit des considérations importantes sur l’utilisation du travail des esclaves africains par les Européens en général ; elle critique ouvertement le mercantilisme et les restrictions au libre-échange et se réfère directement au Brésil, proposant de nombreuses entrées sur l’organisation de l’administration portugaise dans les colonies (les capitaineries, les villes principales), sur les conflits entre les Portugais et les populations locales, en particulier les Tupinamba, et sur les richesses de la terre, qui deviennent des marchandises (bois du Brésil, coton, sucre, manioc, pierres et métaux précieux, tabac, etc.). Mais le plus grand nombre d’entrées est consacré à la faune et la flore locales puisque sont indiquées les espèces uniques qui y vivent, ce qui aide le lecteur européen à élargir le cadre des productions naturelles au-delà des spécimens qui lui sont familiers (comme les animaux répertoriés dans l’Histoire naturelle de Buffon, par exemple). Si elle ne parvient pas à critiquer la présence portugaise sur le sol brésilien, l’Encyclopédie offre suffisamment d’éléments à une appréhension générale et systématisée a minima de la réalité coloniale – ce qui n’était pas si aisé a priori, compte tenu de la rareté des sources portugaises sur le Brésil et des restrictions extrêmes imposées à l’impression et à la circulation des publications sur le sol brésilien.

Avec l’arrivée de la cour de Jean VI au Brésil en 1808 – avec le soutien des Anglais, qui ont trouvé dans le Portugal un allié précieux contre la France napoléonienne19 – seront faits les premiers pas décisifs vers l’étude autonome de l’histoire naturelle au Brésil. Après la fondation en 180820 du Jardim Botânico de Rio de Janeiro – dont l’inspiration française est claire à la fois dans son architecture et dans les méthodes et démarches adoptées –, on inaugure en 1818 le Musée National (détruit lors d’un incendie en 201721). Ces institutions fondamentales seront suivies, tout au long du XIXe et du XXe siècle, d’autres consacrées à l’Histoire Naturelle et à ses ramifications22, ce qui nous renvoie à Antonio Candido :

Ce n’est cependant qu’avec l’arrivée de Jean VI que le Brésil a vraiment connu, bien qu’à une échelle modeste, son Époque des Lumières, comme un défi de la part de l’initiative gouvernementale, faite de pragmatisme intellectuel et de littérature appliquée qui ont finalement abouti à la promotion et à la consolidation de l’Indépendance. [...] Les tendances du XVIIIe siècle sont couronnées, au Brésil, par l’œuvre de libéraux tels que Hipólito José da Costa, Frei Caneca et Evaristo da Veiga, à côté desquels opèrent les royalistes et les conservateurs qui imposent des freins, mais qui, du point de vue brésilien, appartiennent également au mouvement des Lumières car, conscients des problèmes du pays, ils sont tournés vers la mise en œuvre de l’intelligence au profit du progrès23.

Cet héritage pragmatique continuera à faire école tout au long du XIXe siècle, profitant de l’élan positiviste de Comte, qui agira comme un outil idéologique en soutien à la fondation d’institutions de recherche scientifique tels que l’Instituto de Manguinhos (1900, l’actuelle Fundação Oswaldo Cruz)24 et l’Instituto Butantan (1901), tous les deux jouant un rôle fondamental dans l’étude et le combat contre les maladies transmissibles, y compris aujourd’hui dans la bataille contre la Covid-1925.

Concluons avec Maria Odila da Silva Dias :

C’est pourquoi bien des spécificités de la pensée des philosophes des Lumières auxquelles nous avons affaire ont persisté donc dans l’esprit des ceux qui ont cherché à moderniser le Brésil, au milieu du XIXe siècle : la tendance à associer, dans leur formation intellectuelle, les études juridiques et les connaissances utiles à la société, d’où la variété et la versatilité des intérêts et des activités ; le pragmatisme rationaliste des idéologues du Siècle des Lumières, dont se sont imprégnés les étudiants brésiliens dans les universités européennes, et en même temps une remarquable attitude de foi dans les connaissances théoriques26.

Si l’on en revient à l’actualité, la question demeure : quelle place y a-t-il pour une œuvre comme l’Encyclopédie dans le Brésil du XXIe siècle ? Si la réponse à cette question peut sembler évidente lorsqu’il s’agit des pratiques académiques – on remarque au Brésil une croissante multiplication des études sur les Lumières –, elle est moins affirmée quand nous entrons dans le domaine de la culture en général.

L’idée que l’héritage des Lumières doit être évalué à partir de la perspective des réalités politiques, économiques et sociales du XVIIIe et des siècles suivants n’est pas nouvelle. Elle remonte à des auteurs comme Adorno et Horkheimer ou Arendt, et même à Hegel et à Marx. Ce qui nous paraît nouveau est la tentative de voir, dans le discours philosophique des Lumières en général et dans l’Encyclopédie en particulier, la légitimation de certaines pratiques, notamment celles relatives à l’expansion commerciale et à la colonisation du continent américain, qui cependant n’ont pas attendu quelque théorie que ce soit pour devenir effectives et produire les conséquences que nous connaissons – l’établissement de nouvelles civilisations aux dépens de la destruction des civilisations natives, le remodelage radical de l’espace naturel et la traite de la main-d’œuvre africaine. Loin d’offrir une légitimation de ces pratiques, l’Encyclopédie, en syntonie avec une bonne partie de la philosophie de l’époque, et pas seulement la philosophie française, tâche de les contester. Si ce mouvement peut paraître timide voire insuffisant à nos yeux, c’est parce que le monde des Lumières n’est pas le monde du XXIe siècle, dont il n’a pas préparé l’existence ; ce serait donc un contresens de le rendre responsable par des discours et des pratiques qui, dans leur forme actuelle, ont été institués au XIXe siècle – qui, comme nous le savons, est sous bien des aspects, du moins au plan intellectuel, une contestation des Lumières, et non son achèvement.

Sans tenir compte de telles illusions téléologiques, nous dirons que dans le contexte politique et culturel de cette seconde décennie du XXIe siècle, la présence renouvelée des Lumières sur les étagères et sur les sites des libraires brésiliens offre non seulement une espérance renouvelée, mais également la perspective qu’elles puissent, une fois encore, encourager l’élaboration d’une réflexion critique sur le présent – avec le tragique mais indéniable avantage qu’il s’agit cette fois d’un présent doublement anti-Lumières.

D’un côté, nous avons un mouvement, antérieur à l’actuel gouvernement, mais considérablement renforcé par celui-ci, de disqualification de certaines valeurs qui sont devenues sur le continent américain, et pas seulement au Brésil, des références pour une vie sociale gouvernée par des paramètres et des pratiques régulées a minima et trop peu égalitaires. Par ailleurs, le legs philosophique des Lumières se trouve contesté, cette fois en tant que discours théorique, par l’agenda des revendications identitaires qui, à tort ou à raison, situent dans les Lumières les origines du mal qui afflige les sociétés modernes avec leurs appareils de répression de plus en plus sophistiqués et leurs hiérarchies, dont beaucoup sont sans doute antérieures au système présent, mais qui se voient renforcées et rigidifiées par ce système.

Évidemment il ne s’agit pas ici de voir dans ces deux types de contestation une quelconque équivalence, ne serait-ce que parce que le niveau intellectuel du premier front ne peut être comparé au second, mais leur existence est le signe de l’actualité des Lumières qui sont perçues, dans un cas comme dans l’autre, comme dotées d’une importance considérable. Ceci offre aux chercheurs – en France, au Brésil, et partout dans le monde – l’occasion de s’efforcer de restaurer, dans le cadre de ces tentatives de délégitimation, le discours philosophique de l’émancipation propre aux Lumières. La meilleure façon de le faire est, nous semble-t-il, de revenir aux classiques, tout en prenant en considération – et cela est essentiel – leurs ouvertures et leurs limites pour affronter des problèmes qui, parce qu’ils sont les nôtres, ne les ont pas interpelés et qu’ils n’ont donc pas eu l’opportunité d’examiner.

De ce point de vue-là, un des points forts de la nouvelle édition de l’Encyclopédie nous semble l’inclusion des articles qui sont directement ou non liés au Brésil. Cette initiative vise à attirer l’attention sur des textes qui, du point de vue des controverses théoriques actuelles, sont sans doute problématiques et exposent les limites de l’appréhension de la réalité politique par le prisme des Lumières. Mais nous considérons que le choix de les critiquer du dehors, en les soumettant au crible anachronique de notre présent, n’est pas le seul choix possible. Il existe toujours l’alternative de les interroger à partir du présent, tout en préservant le type de réflexion qui a donné naissance à l’Encyclopédie – dictionnaire raisonné qui, comme nous en avertit Diderot, devrait être fait et refait constamment, au cours du temps et selon les exigences de chaque époque.

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Notes

1 Voir Folha de S. Paulo, 16/08/2015 ; O Globo, 12/09/2015 ; Quatro Cinco Um, 01/12/2017. Retour au texte

2 DIDEROT, D’ALEMBERT, vol. 5, 1755, p. 304. Retour au texte

3 Voir, par exemple, LISBOA, 1991 et ARAÚJO, 2003. Retour au texte

4 CANDIDO, 1964, vol. 1, p. 72. Retour au texte

5 HANSEN, 2019 [notre traduction]. Retour au texte

6 DIDEROT, vol. 2, 1752, p. 98-113. Retour au texte

7 HANSEN, Ibid., p. 42. Retour au texte

8 Sur la réception et la circulation des œuvres des Lumières françaises dans le Brésil du XVIIIe siècle, voir MAXWELL, 1995 ; FRIEIRO, 1981 et VENTURA, 1988, p. 50-51. Retour au texte

9 ARAÚJO, 2005. Retour au texte

10 Compte-rendu de la recherche sur l’Inconfidência Mineira reproduit chez FRIEIRO, 1981, p. 57-59. Retour au texte

11 VENTURA, 1988, p. 44-45. Retour au texte

12 MARGUTTI, 2013, p. 134-140. Retour au texte

13 HOLANDA, 1998, chap. 4. Retour au texte

14 DIAS, 2005, p. 39-40. Retour au texte

15 CERÍACO, 2021. Retour au texte

16 Parmi une littérature assez nombreuse, il faut mentionner GRAMMONT, 2012. Retour au texte

17 SAINT-HILAIRE, 2000. Retour au texte

18 Pedro Pimenta travaille sur un dossier concernant « Le Brésil de l’Encyclopédie » pour l’édition ENCCRE. Retour au texte

19 Voir PIMENTA et SLEMIAN, 2019. Retour au texte

20 DIAS, 2005, p. 69. Retour au texte

21 Voir Le Monde, 11/09/2018. Retour au texte

22 BRAGA, 2018, p. 181-191.  Retour au texte

23 CANDIDO, 1964, p. 73. Retour au texte

24 DELAPORTE, 2003. Retour au texte

25 Voir par exemple Le Monde, 13/4/2021; 10/06/2021. Retour au texte

26 DIAS, 2005, p. 125-126. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Pedro Pimenta, Maria das Graças de Souza et Fr, « L’Encyclopédie au Brésil », Reflexos [En ligne], 9 | 2025, mis en ligne le 18 mars 2025, consulté le 16 avril 2025. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/1976

Auteurs

Pedro Pimenta

Articles du même auteur

Maria das Graças de Souza

Universidade de São Paulo

Maria das Graças de Souza est ancienne professeure de philosophie politique au Département de philosophie de l’Université de São Paulo. Spécialiste des Lumières françaises, elle est l’auteur de nombreuses études publiées au Brésil, dont Materialismo e Ilustração (2002), ainsi que d’articles dans des revues internationales. Elle a organisé, avec Pedro Pimenta, une édition en sept volumes (2015-2022) d’articles de l’Enciclopédie traduits en portugais.

Pedro Pimenta est professeur de philosophie moderne au Département de philosophie de l’Université de São Paulo. Spécialiste de la pensée des Lumières, il est l’auteur d’études publiées au Brésil, dont A trama da natureza (2018), et d’articles parus dans des revues internationales. Il a organisé, avec Maria das Graças de Souza, une édition en sept volumes (2015-2022) d’articles de l’Enciclopédie traduits en portugais.

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