Présentation du dossier : Enseigner le portugais comme langue étrangère dans le monde – Bilans, enjeux et perspectives

Texte

Le présent dossier, organisé par Vanessa MEIRELES (Université Paul Valéry - Montpellier 3), fait suite à l’appel à contribution n° 4 « Enseigner le portugais comme langue étrangère dans le monde – Bilans, enjeux et perspectives ». Il réunit des collaborations nationales et internationales en portugais et en français portant sur les approches théoriques et méthodologiques de l’enseignement du portugais comme langue étrangère (PLE). Cette nouvelle thématique témoigne d’un véritable dialogue international et tend à réaffirmer l’attractivité de la langue portugaise dans le monde au moment où son enseignement est remis en cause par la réforme du baccalauréat.

Cette publication est également en partie le produit d’un colloque organisé par Flavia Machado et Vanessa Meireles en octobre 2017 à l’Université Sorbonne Nouvelle. Ce colloque avait comme principal objectif de promouvoir le dialogue et l'échange direct des approches sur la transmission du portugais comme langue étrangère. Aux travaux des intervenants ayant participé à cette rencontre s’ajoutent des articles d’enseignants-chercheurs, enseignants et doctorants issus d’université françaises et étrangères (Angola, Brésil, Chili), qui nous ont fait parvenir leurs réflexions dans ce domaine spécifique de la recherche dans le domaine lusophone. Ces contributions s’organisent de la façon suivante :

Jacqueline Penjon (Université Sorbonne Nouvelle) ouvre ce recueil avec l’Histoire de l’enseignement du portugais en France en proposant dans « Naissance de l’enseignement du portugais » de retracer l’histoire des pionniers de la lusophilie, depuis les tentatives privées d’organisation de cours de portugais à la fin du XIXe siècle, l’introduction de l’enseignement du portugais à l’université de la Sorbonne et la création des Chaires et Diplômes Universitaires vers la moitié du XXe siècle, suivie de l’introduction de cette langue dans nombreuses universités. Enfin, les cours de portugais sont introduits aux lycées puis aux collèges. Selon l’auteur, la création d’un Capes et d’une Agrégation aux années 1970 institutionalise l’enseignement du portugais dans ce pays. Ce panorama historique semble montrer que certaines vulnérabilités de l’enseignement de cette langue en France seraient dues à son parcours d’institutionnalisation.

Pour compléter cette approche « historique », Vanessa Meireles (Université Paul Valéry - Montpellier 3) dresse un état des lieux de l’enseignement de la langue portugaise dans le système universitaire français actuel dans « O ensino universitário da língua portuguesa na França : breve panorama e desafios ». Il est question notamment de l’offre des formations dans chaque université et le nombre d’inscrits à ces formations, chiffre lui-même très lié au nombre des concours organisés pour le Capes et l’Agrégation. Le travail de recherche est également souligné comme étant essentiel pour la dynamique de la discipline.

Dans une optique plus globale, Georgia Marin (Université de Toulouse Jean Jaurès) présente dans « Plaidoyer pour la diversité linguistique » des pistes de réflexion sur l’enseignement du portugais en tenant compte la diversité sociolinguistique au sein de la CPLC. Les données sur l’espace africain et asiatique et les cas concrets de variation linguistique et leur traitement en salle de classe sont exposés. L’auteure plaide pour un enseignement qui tient compte de la richesse des variations de la langue portugaise.

Dans « Les TICE et l’enseignement du PLE : entre l’outil informatique et l’outil didactique », Liliane Santos (Université de Lille) privilégie une réflexion sur l’emploi des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE), en particulier du Portugais Langue Étrangère (PLE). L’auteure met l’accent sur l’usage des outils informatiques alliés à la perspective actionnelle et à une approche par tâche et projets, et ce afin de créer des matériels efficaces et adaptés aux apprenants. Par cette cette analyse, l’auteure propose des pistes d’intégration de la technologie dans l’enseignement du PLE.

Dans cette même perspective, c’est un exemple concret de l’usage des TICE dans les cours de PLE qui est présenté par Flavia Machado (Université Paris Nanterre) dans son article intitulé « Escrita colaborativa em meio digital : uma abordagem dialógica para ensino do português como língua estrangeira ». L’auteure nous présente le projet Expressão, créé en 2014. Il s’agit d’un blog pour la publication des productions de textes réalisées par des apprenants francophones relevant du PLE. Ce projet constitue un bel exemple d’utilisation des outils numériques pour l’apprentissage actif et efficace d’une langue étrangère.

Fernanda Moraes d’Olivo (Fundação Técnico-Educacional Sousa Marques / Universidade Federal Fluminense – UFF, Brésil) propose une réflexion sur l’enseignement du PLE à des réfugiés dans « Tensões no ensino/aprendizado de português para refugiados: uma visão discursiva ». À partir de son expérience en tant qu’enseignante de PLE, l’auteure rappelle l’importance pour l’apprenant en condition de réfugié de se constituer en tant que sujet. L’apprenant doit construire une nouvelle identité dans une langue et culture autres que la sienne. Le rapport qu’il entretient avec la langue d’accueil est également souligné. Il s’agit d’une réflexion fondamentale sur la question identitaire et le processus d’apprentissage, étant donné le contexte politique et socio-économique actuel.

Le respect de l’individualité de l’apprenant et en même temps de la diversité socioculturelle en salle de classe est aussi au cœur des préoccupations de Katia Oliveira Bernardon (Université Grenoble Alpes) & Luciane BOGANIKA (Université Toulouse Jean Jaurès) dans « La diversité dans l’enseignement/apprentissage du Portugais Langue Etrangère : aspects individuels dans la collectivité ». Les auteures présentent une séquence pédagogique visant à sensibiliser les apprenants « sur leurs capacités linguistiques, en activant leurs compétences plurilingues, en les motivant, et, par conséquent, en leur faisant prendre conscience des processus de transferts et d’analogie avec d’autres langues dont ils ont connaissance ». Dans cette perspective, la diversité culturelle et linguistique devient un atout en classe de langue étrangère.

Alexandre Ferreira Martins (Université Paul Valéry - Montpellier 3) & Juliana Roquele Schoffen (Universidade Federal do Rio Grande do Sul – UFRGS, Brésil) présentent une étude sur les politiques pédagogiques du Brésil dans « Instrumentos de política linguística para o ensino de língua portuguesa : vislumbrando uma perspectiva teórico-metodológica em português como língua adicional no cenário brasileiro ». Les auteurs rappellent qu’il n’existe pas de document officiel qui encadre la méthodologie de l’enseignement du Portugais Langue non maternelle au Brésil comme c’est le cas dans d’autres pays. Cependant, ils montrent que des changements dans le scénario éducationnel global au Brésil ont vu le jour depuis l’ouverture démocratique, dans le sens à privilégier l’usage dans la salle de classe de documents plus adéquats à la réalité sociale des apprenants. Ces changements ont influencé les directives d’enseignement linguistique, et indirectement, l’enseignement du portugais langue non maternelle. A cet égard, l’examen de certification Celpe-Bras constitue un exemple de cette évolution dès lors que l’usage contextualisé de la langue est essentiel pour la réussite de l’apprenant/candidat.

Dans une optique similaire, José Genival Bezerra Ferreira (Universidad de Santiago de Chile – Chili), présente le contexte éducationnel de l’enseignement du PLE au Chili, et en particulier dans le cadre du cursus de Traduction à l’Université de Santiago dans « Panorama do ensino da língua portuguesa no Chile : uma experiência com alunos da graduação em Linguística Aplicada à Tradução na Universidade de Santiago ». L’article souligne également l’importance d’une réelle politique linguistique en ce qui concerne l’enseignement du portugais dans ce pays.

Pour clore ce dossier, Bernardino Valente Calossa (Escola Superior Politécnica da Luanda Sul – Universidade Lueji A’Nkonde – Angola) propose dans « A produção, percepção e interação oral na aula de português língua estrangeira : apresentação de uma sequência didática » une séquence didactique dans laquelle l’accent est mis sur la production, la perception et l’interaction orale. Une attention particulière est donnée à la prononciation des sons propres à la langue portugaise à partir des paires minimales. Une séquence bien structurée, où la dimension ludique du texte qui lui sert de base peut certainement faciliter le succès de l’apprentissage.

L’ensemble de ces contributions constituent un apport stimulant à même de susciter des débats et des échanges sur la recherche, les approches théoriques et les expériences pratiques dans le domaine de l’enseignement du portugais comme langue étrangère et/ou seconde.

Montpellier, avril 2019

Citer cet article

Référence électronique

Vanessa MEIRELES, « Présentation du dossier : Enseigner le portugais comme langue étrangère dans le monde – Bilans, enjeux et perspectives », Reflexos [En ligne], 4 | 2019, mis en ligne le 03 mai 2022, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://interfas.univ-tlse2.fr/reflexos/357

Auteur

Vanessa MEIRELES

Maîtresse de conférences

Université Paul Valéry – Montpellier 3

vanessa.meireles@univ-montp3.fr

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