À la mémoire de mon grand-père Anastasio Medina, un grand homme de valeurs.
« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas »
Mathieu, 19:14
A Liborio le tiraron
Ay, ay, ay
En Arroyo del limón
Ay, ay, ay
Liborio, merengue dominicain interpreté par Luis “Terror” Días
No sueltes el gallo no lo sueltes
No sueltes el gallo no lo sueltes
Que te lo matan
Que te lo matan
Que te lo matan
Que te lo matan
El Giro y Canelo, merengue típico dominicain interpreté par Siano Arias
“Liborio fue el escogido por el Cristo para poner su palabra en él, porque todo lo que dijo Liborio eran palabras del Cristo”.
Don José Mateo Heredia, arrière-neveu de Liborio et responsable de la source l’Agüita
Prélude
Le 27 Juin 2022 on commémore les cent ans de l’exécution d’Olivorio Mateo Ledesma, dit « Papá Liborio ». Olivorio est né à San Juan de la Maguana, ville située dans la région Sud-ouest de la République Dominicaine, en 1876, et il fut abattu par les forces usaméricaines lors de sa première occupation (1916-1924) du territoire dominicain en 19222. Son engagement social a été au-delà de la dévotion spirituelle qu’on lui attribue. Etonnamment, cet engagement patriotique, revêtu notamment d’abnégation, demeure sesgado dans les livres d’Histoire dominicaine3 et surtout dans les manuels scolaires4. Pourtant, on ne peut pas tout à fait comprendre le contexte socio-politique de cette époque, et encore moins de l’occupation usaméricaine, sans prendre en considération le mouvement liboriste. Certes, pour être un mouvement au fondement très spirituel, il n’est pour autant pas dépourvu d’une grande dose de conscience sociale au regard du contexte socioéconomique et politique de l’époque5. Dans la représentation de ce mouvement, par le discours hégémonique national et dans celui des envahisseurs, cette dimension spirituelle liée à la santería a toujours pris le dessus sur sa dimension sociopolitique incontestable. Le discours de ces détracteurs, renforce constamment son image d’homme illuminé6 (dégradé en tant que sorcier). Cela a aussi été renforcé par la ferveur des fidèles liboristes.
Dans cette communication nous allons plutôt mettre l’accent sur la prise de position du personnage historique par rapport au changement social lié au contexte socioéconomique de la région du Sud-ouest. Il sera aussi question de la démarche révolutionnaire qu’il a entreprise au niveau national pour faire face à l’occupation usaméricaine.
I. Introduction : La région Sud-ouest, terre d’émancipateurs
L’actuelle province de San Juan Maguana au Sud-ouest de la République Dominicaine correspond géographiquement à une partie de l’ancien cacicazgo (chefferie) de Maguana7. Ce Cacicazgo était gouverné par le cacique Caonabo lors de l’arrivée des colons espagnols en 1492. Celui-ci s’est battu férocement au nom de la liberté de son peuple contre les conquérants espagnols. Ces terres (laboratoire de brassage, de créolisation culturelle et d’insurrections constantes) ont également vu naître d’autres éminents guerriers comme Guarocuya, baptisé Enriquillo par les religieux franciscains (Martinez Almánzar, 1996, p. 109) à l’époque coloniale ; lui aussi s’est battu contre la tyrannie espagnole mais pour un motif bien distinct, plutôt d’intérêt personnel8. Il y eut aussi Sébastien Lemba, contemporain de Guarocuya, Africain originaire de la Guinée Equatorial, d’après l’historien dominicain Franklin Franco Pichardo (2009, p. 71). En tous les cas, on suppose qu’il y est né. Ce qui est sûr c’est qu’il était un Africain bozal de l’Afrique Occidentale ; esclavisé, il fut vendu et déporté vers l’île Quisqueya par les négriers portugais. Sébastien Lemba a été l’un des premiers Africains à se soulever contre l’esclavage dans le Continent Américain. Bien qu’il ne soit pas né au Sud-ouest du pays, il est enraciné dans l’Histoire dominicaine comme un Dominicain. C’est dans les fameux manieles ou palenques qu’il a trouvé refuge et le courage de continuer à faire face à la sauvagerie des colons espagnols. C’est dans ses terres également où se sont constitués les premiers palanques ou manieles d’Amérique ; ce sont finalement des lieux de cohabitation pacifique et solidaire entre les insurgés Tainos et les Africains (Franco Pichardo, 2009, p. 70). Sébastien Lemba a lui aussi sacrifié sa vie en faveur de la cause indigène9 et les peuples africains déportés. Une autre figure illustre de ces terres c’est le Général Máximo Gómez, lui aussi né dans la région Sud-ouest, à Baní. Ce Général est l’un des pères fondateurs de la nation cubaine conjointement avec José Martí et Antonio Maceo. L’engagement de Maximo Gomez auprès des indépendantistes cubains a été purement altruiste, une question de principe, d’éthique, de solidarité, de fraternité avec ses frères cubains. Son parcours rappelle celui d’Hatuey, premier taïno à avoir lutté contre le colonialisme espagnol ; il n’a en effet pas hésité de prendre son canoé pour aller prévenir (et secourir) d’autres peuples indigènes, donc les peuples autochtones de Cuba, contre l’imminente menace des envahisseurs ou colons espagnols.
Dans cette lignée des résistants il faut aussi prendre en considération Olivorio Mateo Ledesma alias « Papá Liborio » né, comme les autres, dans le Sud-ouest10 du pays. S’il s’inscrit bien dans les confrontations constantes, le long des siècles, ayant pour but la préservation du territoire national11, sa particularité est que sa lutte se déroule dans un temps chronologique postcolonial, marqué par la montée en Empire des Etats-Unis et leur visée expansionniste. Mais à différence des autres insurgés, sa lutte va être revêtue d’une composante mystique qui lui vaudra une méconnaissance active et durable même de nos jours : sa culture supposément atavique.
La vie spirituelle démarre très tôt chez Oliborio. La légende populaire raconte que lors du passage d’un ouragan en 190812 il disparaît pendant quelques jours (le nombre de jours varie selon les témoins) ; il réapparaît soudainement métamorphosé en un être entièrement spirituel. Ses connaissances sur le pouvoir de guérison de certaines plantes vont consolider son image mystique (Figuereo Agramonte, 1999, p. 39). Dès lors, cette aura, pour certains secteurs de la société, sera associée à la sorcellerie, à la folie et aux bas-fonds de la société13. Toutefois, cette illumination va lui permettre de devenir un homme influent dans sa communauté et voire même dans le reste du pays (Díaz, 1997, p.124). Son influence ne se limite cependant pas au niveau spirituel ; il produit également des effets politiques incontestables bien qu’il n’ait pas mené une vie politique active à proprement parler car cela ne l’intéressait pas (Cassá dans le court-métrage : Papá Liborio, 2017). Le nombre de ses adeptes se multipliait jour après jour du fait de ses pouvoirs de guérisseur14 qui attiraient les malades de tous les coins du pays malgré la condamnation de l’Eglise catholique et les récriminations incessantes de la presse écrite15.
La presse et l’Eglise catholique sont les deux principaux adversaires idéologiques du mouvement liboriste en gestation au début du XXe siècle. Rien d’étonnant que ce mouvement marqué par un spiritualisme non officiel, soit perçu comme un mouvement messianique (par ses adeptes), comme quelque chose de contraire à la doxa catholique et aux valeurs morales (par le clergé dominicain16) et aux supposés mœurs de l’époque (par les élites dominicaines, la caste intellectuelle citadine17).
Olivorio prêche l’évangile du Christ, basé dans le libre amour et la paix entre les humains. Il crée la « Hermandad » (la fraternité), pour constituer sa propre église et ainsi établir son magistère de guérison spirituelle et physique sans rien attendre en retour ; du moins, rien qui ait une valeur marchande18.
La plupart de ses patients19 souffraient des maladies du type psychosomatique (Sobieski de León, dans le court-métrage : Salga el mal y entre el bien, Liborio Mateo, 2013) liées à la situation chaotique où se trouvait son pays. Par ailleurs, le mépris de la vie rurale, de la part d’un secteur important de la société urbaine embourgeoisée, provoquait des ravages chez les paysans des communautés rurales qui étaient alors abandonnés à l’indigence.
C’est une des raisons pour lesquelles ce contexte indigent (Figuereo Agramonte, 1999, p. 43), va être un stimulant pour l’adhésion à la cause liboriste ; il permet aussi d’expliquer la conversion idéologique d’un homme pacifiste à guérillero.
II. Contextualisation socio-politique
Le malaise social de cette époque trouve sa genèse dans la mauvaise gestions politique (1882-1899) du caudillo dominicain Ulises Heureaux qui régna vers la fin du XXe siècle. Les confrontations constantes entre Heureaux et ses opposants politiques, les prêts sollicités par ce dictateur dominicain et ensuite octroyés par les puissances européennes (Martínez Almánzar, 1996, p. 369), et puis par les États-Unis20, ont conduit à une crise économique21 qui va durer jusqu’à l’arrivée de l’autre dictateur dominicain, Rafael Trujillo Leónidas Trujillo, en 1930.
Pour garantir le remboursement des prêts aux créanciers, la République Dominicaine se vit obligée de céder le contrôle et la perception des recettes douanières aux pays étrangers créanciers. Une telle situation de mise sous tutelle ne va permettre l’assainissement économique du pays ; elle mit le caudillo dominicain, Ulises Heureaux, dans l’obligation de continuer à solliciter, encore plus, d’autres prêts aux pays créanciers (Martínez Almánzar, 1996, p. 376 et 377), augmentant ainsi la dette externe.
Il faut également ajouter à cela d’autres problèmes comme la privatisation des terres, les communes, à savoir les terrains communautaires22. Beaucoup de paysans sont dépouillés de la terre et se retrouvent ainsi voués à la misère.
Ce passage forcé de la vie communautaire au système capitaliste agressif, se double des antagonismes virulents des groupes politiques tout acquis à cette « transition salutaire ». Les luttes politiques insurrectionnelles vont être une constante depuis la Restauration (1863-1865) jusqu’au début du XXe siècle. Cela débouchera sur une guerre civile en 191223. Elle va être l’une des excuses que les Usaméricains mettront en avant pour justifier l’occupation du territoire dominicain.
Finalement, l’impossibilité de rembourser les prêts va submerger le pays dans une crise financière et politique où la seule et unique solution va être de laisser dans les mains étrangères le contrôle total du système douanier national, d’abord sous le contrôle des pays européens et ensuite sous l’hégémonie des États-Unis. Évidemment, une telle situation a été considérée par une grande partie des Dominicains comme une atteinte à la souveraineté nationale.
Cette situation sociopolitique et géopolitique si tendue, va imprégner davantage le liborisme d’une conscience sociale en faveur de ceux et celles qui se retrouvent privés des garanties sociales minimales. C’est ainsi que le débarquement des marines usaméricains en 1916 sur le sol dominicain va marquer un tournant dans son activisme politique à fond mystique. Il va alors adopter une attitude intransigeante face à l’envahisseur étranger.
III. métamorphose du mouvement liboriste
La présence effective usaméricaine en République Dominicaine va donc favoriser l’émergence d’une composante belligérante du mouvement liboriste. Dès lors son engagement social va être focalisé sur la défense de la souveraineté nationale ; la tactique de la guérilla sera adoptée et mise en exécution24. Pour mieux comprendre cette transformation, il faut savoir que le liborisme est, selon la professeur Lusitania Martínez25, intrinsèquement constitué par trois aspects socioculturels articulés entre eux :
1. La protestation sociale.
2. La récupération de l’identité culturelle perdue ou menacée
3. Le messianisme.
Chacun de ces aspects est cristallisé par un dimension religieuse importante (Id.). C’est ce qui finalement a rendu possible l’accomplissement des objectifs révolutionnaires par ses adeptes devenus camarades.
On peut supposer que ces trois aspects sont corrélés aux trois caractéristiques26 incontournables des mouvements messianiques :
1. Le mécontentent social, soit du paysan soit du citadin.
2. L’espoir d’un monde meilleur, porteur de garanties sociales où il règne l’égalité sans privilèges de classes.
3. Ils sont dirigés par un ou plusieurs « messies ». Dans ce cas, le leader religieux, meneur de ce mouvement est tout sans conteste Papá Liborio.
La première caractéristique va se manifester subitement lors de l’occupations usaméricaine. Les liboristes seront le seul groupe armé du Sud-ouest qui va, jusqu’à l’assassinat de son leader révolutionnaire et guide spirituel, constamment contre les envahisseurs. Malgré cela, son engagement patriotique a été critiqué et mise en cause non seulement par les envahisseurs mais aussi par la presse locale, alliée des nouveaux propriétaires locaux des terres27.
Le deuxième point a trait à la perception nationale du mouvement liboriste. Les habitants du Sud-ouest se sont toujours caractérisés par leur attachement au syncrétisme qui trouve son expression achevée dans la santería28. C’est un trait idiosyncratique saillant, mais non exclusif, des habitants de cette région, de ces terres arides où le taux de pauvreté surpasse celle des autres régions. Olivorio Mateo Ledesma est conscient de l’importance de cette identité religieuse au niveau local. Il va faire de son mysticisme le centre gravitationnel non seulement de son mouvement spirituel mais aussi de sa démarche revendicative ; le but étant de soulager, coûte que coûte, les paysans et villageois de sa région la détresse morale, sociale et économique. Plus tard, et notamment lors de l’insurrection durant l’occupation usaméricaine, il mobilisera aussi la dimension belliciste, imbriquée également d’une dimension mystique dans son engagement29.
Il se trouve que la République Dominicaine est un pays dont les fondamentaux politiques, sociaux, religieux, depuis son indépendance, tournent uniquement autour de la religion catholique30. D’où le rejet et l’animadversión envers la figure d’Olivorio31. Pis encore vu qu’il prêche l’amour libre32, la solidarité et les méthodes palliatifs (médicinales) consuetudinario pour faire face à tous les maux de la société contemporaine.
Tous ces aspects vont être utilisés par ses détracteurs, y compris les historiens, pour réduire sa cause à son aspect religieux ; se retrouve ainsi reléguée au néant sa mission principale, à savoir la libération du peuple dominicain. Le fait qu’il propose un retour à la vie simple (Cassá, 2017, p.18), à la reconnaissance des identités nationales33 où le brassage culturel légué par les ancêtres (Africains, Taïnos, Caraïbes,) est aussi fondateur que l’héritage européen, ceci n’a pu que choquer. Le discours d’Olivorio, d’expression populaire et subalternisé par la presse nationale, son mode de vie rural sont autant de motifs jugés illégitimes par un discours hégémonique auquel finalement ils faisaient face en contestant sa légitimité. Un discours ouvertement complice de l’hégémonie impériale usaméricaine.
Le mouvement messianique, ésotérique de Liborio a un fond, une base idéologique socialement révolutionnaire bien sédimentée. Elle se heurte de plein fouet aux nouvelles exigences des Usaméricains. Le prétexte de « la protection de leurs citoyens sur le territoire dominicain » dans un contexte socio-politique agité a d’autant moins convaincu que les Usaméricains ont d’entrée dévoilé leur vraie intention : s’approprier le pays et devenir la police internationale (Castillo, 1916, p. 10). Pour couronner le tout, ils exigèrent, dans la fameuse Note 1434, la mise sous tutelle des militaires et policiers nationaux ; ils proposèrent qu’un expert financier usaméricain vérifie les impôts dominicains (Martínez Almánzar, 1996, p. 434).
Évidemment le peuple dominicain n’a pas accepté leur dictée ; bien au contraire elle aura eu un effet négatif : La note 14 a provoqué l’unifications des leaders politique dominicains […] lesquels rejetèrent les exigences nord-américaines en argumentant que le peuple dominicain s’opposait à toute ingérence étrangère (Id.). Ainsi, dès leur arrivée, doivent-ils faire face à trois foyers principaux de résistance répartis symétriquement dans les trois régions du pays35 :
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Au Nord, le chef militaire Desiderios Arias36,
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Au Sud-est, les guérilleros dits, péjorativement par les Américains37, les « gavilleros ».
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Et au Sud-ouest, le mouvement cimarron-guérillero d’Olivorio38
Le mouvement liboriste va être la cible principale des militaires usaméricains même avant de leur débarquement en 191639. Cela constitue aussi bien un indice de l’importance de son leader en tant qu’objecteur de conscience que la crainte de ses éventuelles manœuvres paramilitaires. Son influence sur la population dominicaine est constatée lors de son assassinat : le jour où il fut abattu les autres groupes de résistance se sont dissouts et son groupe fut exterminé par les forces militaires étrangères (Cassá, 2017, p. 201).
Olivorio représentait, l’image vive de la résistance nationale. Il en était le paradigme. Sa lutte, jusqu’à la fin de ses jours, démontre son engagement sans faille pour la souveraineté nationale. On ne peut qu’attirer l’attention sur le manque d’intérêt dont faire encore preuve l’historiographie officielle dominicaine pour ce personnage historique, ses combats et les valeurs qu’il défendait.
Conclusion
Qu’à cela ne tienne, encore de nos jours, le pèlerinage vers les lieux qui ont marqué son existence en tant que père spirituel et combattant est toujours un grand moment de ferveur pour ses dévots. Par contre, son engagement pour la souveraineté nationale ainsi que ses luttes contre la tyrannie yankee demeurent toujours dans les limbes historiques40. Quarante neufs ans après le débarquement de « la première occupation militaire »41, Francisco Alberto Caamaño Deñó42 prend le relais de sa lutte contre la menace (toujours la même menace) de l’hégémonie nationale en 196543. Lui aussi, Caamaño, a été assassiné, exécuté selon le jargon militaire. En revanche, son image, grâce au polissage des derniers gouvernements dominicains, a été (re)valorisée jusqu’au point qu’il est devenu désormais un martyr de la Patrie.
Pour ce qui est d’Olivorio, le mépris culturel, racial et politique prime encore. En effet, son attachement aux pratiques culturelles hybrides et à sa vie religieuse populaire ancestrale considérées par les élites nationales comme des pratiques ataviques, par conséquent corrompues, lui est opposé et reproché. Son mouvement est unilatéralement associé au syncrétisme religieux, de composante africaine, et por ende au monde haïtien toujours malheureusement stéréotypé et injustement stigmatisé comme une aberration, une altérité radicale44. Son parcours personnel et son combat historique de grande valeur demeurent toujours exclus des annales de l’histographie dominicaine.
Son hybridé religieuse, culturel et idéologique a joué un rôle important dans son devenir historique après de sa mort. Finalement le culte liboriste ressuscite en 196145 mené par les mellizos (les jumeaux), Plinio Ventura et León Romilio Ventura, de Palma Sola. Ils évoquent la figure religieuse de Liborio pour continuer à défier l’exclusion sociale que subissent les paysans et pour ainsi créer une utopie chrétienne populaire salvatrice (cf. Papá Liborio : El Santo vivo de Maguana, 2003). De nos jours, ce mouvement est presque relégué au folklore46. Enfin, comme le propose Rubén Moreta « il faut reconnaître son statut de prócer car il l’a combattu l’armée la plus puissante du Continent Américain, c’est-à-dire une des armées les plus puissantes du monde » (propos tirés du court-métrage : Ruta de Liborio Mateo o Papá Liborio, 2019). On peut donc considérer Papá Liborio comme le dernier marron combattant contre les injustices impérialistes subies par la nation dominicaine puisqu’il n’a pas voulu se soumettre aux services des envahisseurs ni obéir à leurs ordres et étant persécuté par ces derniers, et la milice autochtone, au lieu de se réfugier en Haïti il a préféré se cacher dans les montagnes47 avec ses acolytes prêts à mourir (Conde, 1983, p. 16).