La jeunesse révolutionnaire en Pologne. Rhétorique socialiste et avant-gardiste dans les symboles et les icônes des années 1980

Dans la République populaire de Pologne, les artistes de l’underground, musiciens, poètes, performers et activiste se sont surnommés la troisième voie ou le troisième circuit : ils n’étaient ni des représentants du parti socialiste, officiel et bureaucratique, ni de l’Église et de l’union Solidarité, cléricaux et nationalistes. Ils voulaient construire une société alternative, fondée sur les idées de la contre-culture occidentale, des mouvements anarchistes, des radicaux de gauche non soviétiques, tels les Situationnistes ou la Faction de l’Armée rouge. Ils voulaient renvoyer dos à dos le parti dominant et l’opposition, deux camps idéologiques avec leurs groupes et leur ordre social fondé sur une division symbolique. Ils se sont emparés de la rhétorique, des symboles et des images dérivés de l’iconographie et du langage révolutionnaire. Les graffitis représentant Lénine avec une crête, les fêtes de rue célébrant la révolution d’Octobre, la restauration de la statue du leader polonais stalinien Boleslaw Bierut sont autant d’exemples de leur imagination carnavalesque, qui interroge les normes sociales et les valeurs, l’esthétique et l’historiographie avec son système de pôles antagonistes.